Monday, May 28, 2007

L'Avenir Appartient A Ceux...


Qui vont vite. Tout le monde connait l'adage populaire qui n'est pas celui que je viens d'écrire. Inutile de le répéter, cela nous ferait peut-être un temps précieux. A quoi bon se lever tôt le matin, suivre la même route que tout le monde et se planter dans deux heures d'embouteillage interminable. Pourquoi se ruer dans le métro aux heures de pointe pour finalement puer le vestiaire quand on arrive à son RDV à 9h pétantes? Ils sont cons ces gars qui sortent en boîte avant tout le monde, qui sont torchés à minuit et qui se retrouvent la tête dans les chiottes avant tout le monde. Ceux qui sont rapides font la voiture balai vers 5h du mat' et sont sûrs de tremper le biscuit (pour le qualitatif, c'est forcément discutable). Alors à ceux qui avalent leur café trop tôt le matin et qui s'endorment dès la fin de matinée, je préfére ceux qui arrivent à la même heure et torchent le boulot en deux temps trois mouvements. Les bourreaux de la lenteur sont ceux qui commencent le plus tôt, les autres sont sûrs d'eux, ils arrivent vachement à la bourre mais ils dégagent tout super rapidement. 'L'éloge de la lenteur' n'est plus d'actualité. Il faut prendre un autre rythme. Celui de l'efficacité et de l'instinct.
Mais ces gens qui vont vite, ils donnent le tourni. Alors posez-vous tranquilou, faîtes une pause et écoutez-les avec attention. Ils sont notre avenir. Dépêchez-vous.
(Battles - Mirrored - Warp)

Wednesday, May 23, 2007

Qui A Dit Régressif?


Une grande tartine de Nutella
Une pipe au miel dans les chiottes du lycée
Une chanson d'Alain Souchon en 45 tours
Une Marlboro rouge derrière le préau
Une Marlboro rouge qui fait beaucoup rire derrière le préau
Un poster de Sabrina un peu fatigué
Un baiser volé dans une soirée alcoolisée
Un grand verre de Tanga bien glacé
Une soirée T-shirts mouillés au camping en Juillet
Une virée en Clio diesel, à fond la caisse, sur le périph'
Une percée dans la défense de Dominique Rocheteau
Un kebab dans le XVIIIe avec des frites froides
Une séance de cinéma où on regarde pas le film, mais pas du tout
Un album de Picsou avec un cadeau spécial vacances
Les premiers seins nus dans le Sud de la France
La première paire de Stan Smith piquée au paternel
Quelques accords de guitare pour épater les filles...
On y a gouté pour la première fois il y a maintenant bien longtemps et c'est toujours aussi bon maintenant. Ou même meilleur.
(Dinosaur Jr - Beyond - Fat Possum)

Monday, May 21, 2007

Voyage Au Bout De La Nuit


Je me réveille en sursaut. Ce foutu jet de lumière m'a pris par surprise. Je dormais déjà mal, mais en plus si un couillon s'amuse à faire des flashs en pleine nuit, j'ai pas fini de prendre du Lexomil. Et puis, en regardant autour de moi, je me rends vite compte que ma chambre n'est pas vraiment la même. Les meubles sont remplacés par des amas de détritus, le tapis façon Ikéa 'c'est joyeux et c'est pas cher' vient de se transformer en simple couche de poussière grise. Tout semble brûlé, mon ordinateur n'est qu'une crotte géante de plastique cramoisi, mes roller blades fument encore de l'intérieur. Mes yeux s'habituent peu à peu à l'obscurité, me laissant discerner ce qui m'entoure. Putain, le stress de malade. Trois mecs me regardent fixement, deux sont assis et l'autre se tient près de la porte, comme pour empêcher une éventuelle escapade de ma part. Après avoir calmé mon coeur qui fait les 24h du Mans, je reconnais ces gars que j'ai vu sur des bouquins. Brett Easton Ellis, Vladimir Sokorine et Craig Davidson. Chuck Palahniuk doit être en train de s'empiffrer dans la cuisine. Et là, les trois me sourient en toute décontraction, laissant traîner une ambiance ma fois sympathique dans la pièce, un vrai petit bonheur à la Chucky. Comme ils sont mignons. Ils me chantent une comptine, les trois en même temps (à titre indicatif, Ellis chante comme un pied écorché vif). C'est mignon, c'est agréable, c'est pop, c'est sucré. Je me rendors petit à petit. Je sais que demain sera différent, demain sera un autre jour.
Je sais que l'année commence sous de bons augures.

(Nine Inch Nails - Year Zero - Nothing)

Sunday, May 20, 2007

Quand On Devient Vieux, On Devient Con


J'ai retrouvé un vieux carton il n'y a pas si longtemps. Dans les saloperies de mon dernier déménagement, j'ai juste soufflé un peu sur la poussière collée par l'humidité sur le scotch marron. Un seul mot sur le côté m'annonçait la couleur d'une claque dans le passé: 'Disques à la cool'. Apparemment c'était un carton d'un de mes premiers déménagements car j'essaie d'éviter ce genre d'inscription pompeuse et faussement jeune. Et donc, plein de disques dedans. Un truc de dingues (jusque là, tout le monde suit). Des disques avec des boîtes en plastiques et des images en couleur à l'intérieur...des vrais disques quoi, des trucs que j'avais pas touchés depuis un paquet d'années. Je vous passe pas la liste en revue mais on avait que des noms qui déchiraient sa race. Retour flash-back: le poil lisse, la queue de poney, la barbichette soyeuse, le micro à la main, la bière pas chère dans l'autre....bref j'avais la classe mais je baisais jamais. Bref, c'était quand même il y a longtemps. Et du coup, mes petits nerfs à vifs, je les calmais par procuration avec ces mecs qui dégageaient leurs poumons pour exprimer leur putain de haine.
Donc, pas de doute, je prends une petite sélection, je me dirige vers le lecteur CD de mon reup (?) et c'est parti pour le feu d'artifices...mouillé. Mais c'est quoi ces tapettes, c'est quoi ce son souillé et saoûlant. Merde, j'étais si naïf que ça à l'époque. Et en plus je les achetais ces putains de CD. Oh, les vieux gueulards sans inspiration. Et j'imagine qu'ils ont dû se ramollir avec l'âge.

Rick, reprends tes esprits. Rick, tu peux encore tout chambouler. Alors fonce et barre-toi d'ici.

(Linkin Park - Minutes To Midnight - Warner Bros)

Saturday, May 19, 2007

Les Hommes Viennent de Mars


Et les femmes de Venus. J'ai plus tendance à dire que les vrais gens viennent de moins loin que ça. Ils sont juste à côté, ce sont nos voisins de pallier, les bons gars de notre bonne Vieille Terre ou de notre petite vie de quartier.
Les vrais gens ont des histoires à raconter, ils ont fait des erreurs, ils ont eu des succès incomparables qu'on a trop longtemps enviés. Les vrais gens sont d'un ennui pathétique, ils ont des moments d'énergie incroyable, ils sont malheureusement maladroits et bien souvent de bon conseil. Ils en font des tonnes parfois, les vrais gens sont souvent fatiguants, et à vouloir trop en faire perdent quelquent amis sincères, ils savent donc parfois être très simples, privilégiant l'intimité et la sincérité. Les vrais gens ont envie de se trémousser pour oublier que parfois, l'important, c'est de réfléchir. Et puis ils se libèrent, invitent des amis ou des inconnus, s'agrippent à des recettes banales ou s'inventent un monde où personne n'oserait s'aventurer de nouveau. Les vrais gens n'aiment la solitude qu'en s'entourant d'une luxuriante abondance, ils sont souvent abondamment seuls. Mais ils ont l'avantage d'être humains (alors le coup de Mars et de Venus, mettons-le de côté). Arrêtons de mettre tout ça dans des cases car les vrais gens n'y pensent même pas. Ils virevoltent, s'étirent, se trémoussent, chutent et se relèvent. Les vrais gens ne peuvent pas suivre la règle du 'Au suivant' car ils sont organiques, vivants, se trompent et brillent en même temps. Les vrais gens ont le talent d'être toujours différents.

Ne prêtez donc pas aux gens de venir d'aussi loin, car ces personnes n'ont d'autre talent que de résonner en nous-mêmes.

(Björk - Volta - Atlantic)

Thursday, May 17, 2007

Noir C'est Noir


On peut aimer s'habiller en noir, être un peu rebelle dans l'âme, se déplacer en moto pour aller chercher le pain et avoir fait partie d'un club de jeunes à la cool sans pour autant savoir se renouveler. La preuve: Dick Rivers.

(Black Rebel Motorcycle Club - Baby 81 - Red Ink)

Monday, May 14, 2007

Avancée Vers Le Passé


Parfois on n'invente rien mais on le fait tellement bien que ça en devient jouissif. Parfois on répète un truc qui n'a jamais vraiment existé, tellement stupide que ça en devient jouissif. Parfois on crame un truc qui est déjà mort, c'est tellement inutile que ça en est jouissif. Parfois on fait en France ce qu'on déteste chez les Américains, tellement puéril que ça en est jouissif. Parfois on n'a pas besoin de dire quelque chose pour se faire comprendre, tellement malin que ça en est jouissif.
Parfois on fait une avancée vers le passé, c'est toujours mieux qu'un retour vers le futur, une phrase tellement conne qu'elle en devient jouissive.
(The Elderberries - Nothing Ventured Nothing Gained)

Plus Dure Sera La Rechute


Excusez du léger retard mais je viens de finir ma dernière tablette. Le verre d'eau est maintenant vide et je ne peux que m'appitoyer d'avoir été aussi gourmand. Une tablette en moins d'une heure. Je pense que la posologie ne l'autorisait pas vraiment. Mais, bon dieu, quel putain de trip, un vrai moment de bonheur. Le Prozac, c'est vraiment la drogue en vente libre la plus cool qu'on puisse se procurer. On voit tout en couleur, un tout petit film pour enfants se déroule devant nos yeux endormis et on a le smile jusqu'aux oreilles. Entre le Prozac et Platon, sur le coup, y'a pas photo. Platon peut carrèment aller se faire enculer (petite blague pour érudits...)
L'important, plus peur du passé. Cela devient simplement une soupe de tout ce qu'on a aimé plus jeune et le tout en Technicolor. Le matin, c'est vraiment super pour oublier les conneries qu'on a fait la veille et on repart de plus belle dans un petit voyage de gens heureux qui voient tout en rose. On se souvient de notre première boom, notre premier baiser, premier slow...bref que du mou. J'ai même vu hier un mec tatoué d'un ancien boys band se foutre à poil avec une couronne sur la tête et sauter d'une falaise...et plouf. Trop ouf, quoi.
Plus peur du futur non plus, c'est qu'il y en a pas vraiment. On préfére le faire passer aux oubliettes. Parce que de toute façon, on s'en fout. Le plus important c'est de s'éclater (ou plutôt de tenir le coup) dans le moment présent.
Le problème est ailleurs. Quand on a fini la tablette, qu'est ce qu'on fait? On en reprend une autre? Pas sûr.
(Mika - Life in Cartoon Motion - Island)

Saturday, May 12, 2007

Trop C'est Trop


Le truc, c'est d'en faire un maximum. Elles aiment bien danser en soirée, mais le lendemain il ne faut pas oublier la leçon de piano à 9h00 et puis il faut chercher Raphael qui revient de Paris à l'aéroport, tout en téléphonant à la soeur qui s'est installée à la campagne, en écoutant paisiblement le dernier album de Björk qu'elles ont acheté juste avant de partir pour rejoindre leurs amis qui jouent un pièce arty à Brooklyn, sans faire attendre leur patron qui a besoin d'un dossier urgent pour une réunion dans deux heures mais avec le cours de yoga annulé, ce qui est bien dommage pour rester zen, il est possible de passer chez 'Nature et Découvertes', sachant qu'on passe chercher et payer la boîte à rythme qu'on a réservé 2 jours plus tôt entre deux rendez-vous chez la professeur de chant qui est de plus en plus spécialisée opera et qui a invité du monde à dîner pour prendre un peu le temps de souffler parce qu'avec tout cela on perd un peu l'énergie qu'on avait accumulée sans oublier de coucher les enfants qui crient à l'arrière parce qu'ils n'ont pas eu le temps de voir leur émission préférée mais qu'on a enregistrée pour que leur père ne les trouve pas trop turbulants quand il rentrera du boulot où il a dealé avec 12 réunions aujourd'hui.
Une journée normale pour les hyperactifs et les boulimiques. Super crevant pour les autres.
(Cocorosie - The Adventures of Ghosthorse And Stillborn - Touch & Go)

Thursday, May 10, 2007

Le Journal Intime


Quand j'étais plus jeune, je ne désirais qu'une chose. Découvrir la cachette où, ma soeur de 10 ans mon aînée, déposait soigneusement son journal intime, loin du regard des indiscrets sans scrupules. Mes recherches furent intenses, organisées, parfois décevantes mais non vaines. Je l'avais enfin entre les mains, j'allais enfin découvrir un monde qui m'était interdit à mon âge. Un monde de baisers volés, de luxure capitonnée, de désirs inavouables, de mensonges coquins, de plaisirs niais. Bref, je pensais rentrer dans le tête d'une fille de 20 balais. Et finalement, c'était repoussant mais drôlement attirant.
Et là, en tournant les pages de ce manuscrit de mauvaise qualité, je me suis pris au jeu. Les mots jouaient de double-sens, les sens étaient doublement en alerte. Chaque histoire crystalisait plusieurs couches de mélodies et d'espoirs. Les phrases m'entrainèrent dans un ouragan de gentillesse et de moments volés. Je ne pensais pas que ma soeur pouvait écrire des choses comme ça. Elle était ma grande soeur donc ce devait être futile, bête, sans intérêt...les propos d'une fille quoi. Et là je découvrais des tranches de vie d'une complexité inouie, tout en étant accessibles et mignonnes. Un petit moment de bonheur caché aux yeux du monde.
Alors, moi, déjà un peu punk dans l'âme, je me suis dit que les histoires n'avaient pas forcèment à être choquantes ou provoquantes. Je compris alors que l'on pouvait être remué par une mélodie sucrée, une phrase anodine mais motivante, un élan de simplicité mais finalement d'une complexité amusée. Une ouverture d'esprit à 10 ans, ça ne se remplace pas. J'ai compris que les mots, même les plus simples, étaient d'une force incroyable. Et que les petites histoires font les grands souvenirs.
Mais bon, ça ne m'a empêché de faire du punk jusqu'à l'âge de 17 ans. Comme quoi, quand on est jeune, on reste quand même un peu con et provocateur. Je gueulais 'I wanna see your face in the toilets' avec mes copains du collège. Et la vraie vie, c'était ça.
Mais maintenant je comprends mieux pourquoi ce moment était si important. En tout cas, je crois comprendre.
(Andrew Bird - Armchair Apocrypha - Fat Possum)

Monday, May 7, 2007

A Nous Les Petits Anglais


Il y a quelques années, être anglais et jeune relevaient du paradoxe, tout au moins obligeait certaines personnes à la clandestinité forcée. Et puis, depuis quelques années, ils fleurissent partout ces jeunes gars sans complexe et sans fausse modestie. Il n'y a qu'à les voir ces jeunes stagiaires débarquer dans les grandes entreprises à l'étranger, du haut de leur 23 ans, toiser les employés et montrant ostensiblement qu'ils ont bien l'intention de faire la fête et beaucoup moins de photocopies. Et pour dire la vérité, cela fait du bien à tout le monde et décomplexe pas mal de jeunes en mal d'autorité. Et ils savent jouer de toutes leurs facettes et racontent avec une certaine fierté les histoires les plus ordinaires (voire glauques) avec jouissance - nombreux sont les exemples outre-manche qui savent faire de l'ordinaire un moment plutôt créatif et ambitieux .
Plus peur d'afficher son côté féminin (à la française), de devenir un peu brutal (à l'allemande), d'utiliser les effets de séduction à deux balles (les italiens ne sont jamais loin), de faire l'éloge de la lenteur (excusez du peu mes amis suisses) ou de sortir les violons sans crainte (les pays nordiques apprécieront). Ils invitent même leur grand-mère à leur pendaison de crémaillère (n'en déplaise, les espagnols y excellent depuis longtemps). Bref, ils n'ont plus peur d'être eux-même et de profiter d'une jeunesse qui s'envole très vite. Alors, cette sympathie bon-ado est plus qu'appréciable dans cette période de morosité ambiante. On peut même parler d'un certain génie sans prétention.
De là à dire que les Anglais sont l'avenir de l'Europe, on va y aller mollo, d'accord.
(Patrick Wolf - The Magic Position - Universal)

Saturday, May 5, 2007

A Fond La Caisse


Une bonne journée de merde. Une envie assumée de se défouler. A peine sorti du boulot, je m'installe dans mon siège en cuir, le cul bien calé dans les formes sportives de ma bagnole tunée. Un coup sur les champignons et l'ascension se fait rapide. Personne n'est épargné par mes coups de volant plutôt violents, pas même moi, qui me retrouvent souvent dans l'autre sens, voyant de façon imperturbable les autres véhicules foncer sur moi. Les coups de Klaxons sont parfois perceptibles mais je suis dans un monde à part. Bien plus brutal. Les bruits mécaniques de la voiture viennent se mêler à mon cri intérieur, un cri primal qui aurait bien mûri. Bref, je décide de me défouler un grand coup, rien à foutre des autres, 'adieu monde de merde'.
Parfois je m'essaie à des envolées lyriques et je ferme les yeux au volant. Bang, merde, je me suis encore envoyé une vieille sur le trottoir. Une sirène de police m'extirpe de ma torpeur, ils m'ont repéré et ce n'est pas le moment de flancher. Un coup d'accélerateur, quitte à se retrouver empalé dans le camion devant. Encore une fois mort, je m'épuise, l'énergie n'y est plus, je vais me coucher.
Le disque de GTA Vice City est encore chaud. Il faudrait qu'ils pensent à faire une version londonienne contemporaine. Ce serait pas mal. J'ai déjà la bande son à leur proposer. Et pour la révolution et le chaos. On reprendra tout ça demain.
(Enter Shikari - Take to the Skies - ...)

Thursday, May 3, 2007

Mortelle Randonnée


Ce dimanche, le soleil est absolument splendide. Rien de mieux pour aller faire pisser Sultan sur un arbre dans la forêt de Rambouillet. Au moins, il aura l'embarras du choix. Sur le chemin, je joue avec les feuilles mortes qui s'envolent et s'amusent sous mes pas. Les feuillages créent une sorte de mélodie agréable et spontanée avec la lumière. Je chantonne quelques vieux airs tout en essayant de les adapter à la sauce moderne au cas où quelqu'un m'entendrait. Mais personne n'apparaît à des kilomètres à la ronde, je suis seul, heureux et libre dans cet été indien qui n'en finit pas.

Sultan a l'air d'avoir choisi son arbre. Le seul hic, c'est qu'il est un peu loin. Lui aussi a succombé à la légéreté contagieuse de ce pur moment de bonheur. Il s'écarte de mon champ de vision par intermittence. Je le vois au loin remuer la queue, tout content...et puis je ne vois plus sa queue, en fait je ne le vois plus du tout.

La lumière disparaît peu à peu, je crie son nom. Pas de réponse. Il a l'air de vouloir pisser sans se faire emmerder. Mais cette forêt si charmante paraît beaucoup plus hostile avec les ombres qui viennent se placer sur mon passage. On est en plein Tim Burton. Mon imagination me fait croire que les branches se transforment en énormes mains tentant de m'entraîner dans un monde décadent, les racines se multiplient pour me faire trébucher et rendre l'accès aux profondeurs plus délicate. J'ai l'impression de passer plusieurs fois au mêmes endroits et de tourner connement en rond. La ballade se fait longue et répétitive. Là où je ne voyais que volupté il y a quelques minutes, je ressens maintenant comme un malaise qui m'aspire sur un terrain inattendu.

Et ce foutu chien que je ne retrouve pas. J'imagine qu'il est tombé dans une crevasse mais ce serait un peu bateau de sa part. L'angoisse et la reflexion me prennent la gorge mais tout reste assez joli finalement. Après plus d'une heure, je retrouve Sultan me faisant joyeusement un petit caca sur un arbre cassé. Ma fatigue me fait croire qu'il rie jaune.


Rentré à la maison, tout devient plus posé. Je me dis qu'on a passé un sale moment. Je me mens à moi-même. Je n'ai qu'une seule envie, retourner dans cette forêt ambivalente. La prochaine fois Sultan restera pisser à la maison.


(Of Montreal - Hissing Fauna, Are You The Destroyer - Polyvynil)