Monday, April 30, 2007

Vous Avez Saisi Le Message?


Aussitôt rentré du boulot, on est tous un peu pareil. On saute allégrement sur le répondeur pour savoir ce qui s'est passé durant la journée, avec l'espérance un peu abusive de recevoir une très bonne nouvelle. On est sur quelques coups fumeux en ce moment et qui sait...peut-être un rendez-vous pointe son nez. Donc, on appuie sur le petit bouton rouge et là, c'est le drame. 'Vous avez dix messages'. Et là, autant vous dire que Claire Chazal fait office de marchande de bonheur. Putain, donnez-moi le JT que je me remonte le moral.

Le répondeur est bien plus que n'importe quel média en période électorale, un affreux trou noir de désillusion et de pathétisme. Entre les relances pour les factures du plombier qui habite au 6ème, le voisin qui s'excuse que son labrador hypocondriaque ait déféqué dans votre jardinet, votre soeur qui vous dit qu'elle ne peut pas passer à cause des attentats à Londres qui lui ont bousillé le moral. C'est la pure cata. Rien de nouveau, ou encore la même chose en pire. Il y a quelques possibles bonnes nouvelles, un copain vous propose d'aller au cinoche voir le dernier Tom Cruise (y parait qu'il y a un moment émouvant que même la star laisse couler quelques larmes). Pas trop excitant en fin de compte. Ca fera une soirée en moins à tuer.

Bref, ce répondeur que vous déclenchez tous les jours en espérant une petite lumière d'espoir est une vraie plaie. Plutôt le foutre à la poubelle. De toute façon, si vous attendez un putain de message à donner à votre vie, c'est pas cette petite boîte noire qui vous le donnera.
'Merci. La mémoire de votre boîte vocale est maintenant libre de tout message'
(The Rakes - Ten New Messages - V2)

Monday, April 23, 2007

Un coeur gros comme ça


La tension dans les coulisses est palpable. Les concurrents suintent le stress et la testostérone. Il reste calme même si c'est la première fois qu'il rendra public son talent. Il ne se démonte pas et s'enduit de façon très scrupuleuse de l'huile brillante sur la totalité du corps. Il porte le numéro 14 sur son moule bite de couleur rouge acheté chez Décathlon. Il sait que son heure est arrivée et son regard n'est porté que sur un seul objectif: la gagne.

Il a la chance d'être plus grand que la moyenne même si ça le rend moins trappu et donc moins spectaculaire. Il faut jouer de ses avantages comme de ses défauts. Ce n'est pas la première fois qu'il se confronte à plus forts que lui et, vraiment, il n'a peur de rien. L'oeil du tigre. Les dents blanches acérées. Le sourire ravageur. Une machine à gagner.

Il ne sait pas si les jurys le désigneront gagnant. Mais l'émotion est la plus forte. Il écrase une petite larme, de soulagement puis de bonheur. Il est sur la route du succès...quoiqu'il arrive, il sait qu'il va y arriver. Même si on disait de lui qu'il était façonné dans le même bois que les autres. Lui, il sait qu'il est différent. En fait, il sait qu'il est une énorme masse avec un petit coeur gros comme ça.

(Maximo Park - Our Earthly Pleasures - Warp Records)

Monday, April 16, 2007

Monter à la Capitale


C'est pas facile pour les bouseux. Il faut être bien motivé. Déjà, les occupations sont rares de faire des trucs qui sortent un peu de l'ordinaire. Alors monter un groupe de rock, c'est super galère. On prend ce qu'on a sous la main: la guitare désaccordée de tonton, la caisse claire crevée du garagiste, la pédale de distortion du cousin parti en Irak. Et on recrute surtout les frères et les cousins qui s'emmerdent autant que vous dans ce patelin de merde et qui décident de mettre un frein au spliff.

On sait gratouiller un peu, on décoche quelques accords majeurs qui séduisent les filles (il y en a de moins en moins, elles partent en ville de plus en plus tôt pour faire du porno). Maintenant, il faut se donner un style. Pas trop moderne parce qu'il faut quand même que les potes en mob vous reconnaissent et ne vous traitent pas de pédale. Alors, on décide de se la jouer baba à la mode. Un peu Jésus mais qui fume des joints. Bref, on trouve un truc qui rassure les fans d'Americana et qui attise les jeunes branchés en cuir vintage.
C'est sûr, on regarde pas mal la TV au début. On mimique les mecs qui y sont déjà arrivés. Par fierté, on se donne un petit truc différent. Mais ça ne trompe personne. En tout cas au début, parce qu'au bout d'un moment, ça commence à ressembler à quelque chose. On envoie des démos à un gros mec qui fume le cigare et qui pose son gros cul dans un fauteuil en cuir un peu passé. Et là, bingo, le mec se dit que cela lui rappelle quand il est tombé en panne en plein milieu de l'Arkansas il y a presque 3 ans. La chance du siècle que sa Bentley ait eu un problème de carbu. Une nuit dans un motel, ça change la vie.
La signature se fait en grandes pompes. Tout le monde crie au génie sans avoir écouté l'album. Et puis, petit à petit, on fait son trou. Brad aime bien, Angelina supporte. On fait partie des mecs à la cool de la ville. On les aiment bien d'ailleurs parce que ça nous donne un côté 'on est super ouverts sur les gens différents'. On se ballade, on flâne, les choses sont devenus merveilleuses. La ville est apprivoisée et les groupes à la mode vous proposent de jouer avec eux.
Bon, il y a des moments on met un pied dans la merde. C'est con mais c'est pas grave, ça rappelle la maison.

(Kings of Leon - Because of The Times - RCA)

Saturday, April 14, 2007

Beaucoup de Bruit pour Rien


Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien. Beaucoup de Bruit pour Rien.
Si le silence vous gêne, cela reste une solution. Mais faîtes autre chose en même temps...pour casser la routine.
(The Klaxons - Myths of a Near Future - Because)

De l'Argent qui Vaut de l'Or


Un esprit sain dans un corps sain. On avait longtemps essayé de clarifier ce précieux adage par des faits bien réels. On avait tenté pas mal de choses pour se convaincre qu'on pouvait y croire malgré la connerie ambiante. Les choses tournaient pourtant rapidement au vinaigre.

Une actrice effarouchée nous sort un disque pour nous dévoiler ce qu'elle renferme vraiment à l'inérieur.
Une reine de beauté nous révèle sa vision du monde qui s'écroule dans un livre vérité.
Un politicien n'hesite pas à nous jouer un coup d'accordéon pour nous remonter le moral.
Un sportif de haut niveau n'hésite pas à s'accrocher pour gagner à la sueur de son front un ministère.
Deux scientifiques de pacotille nous sortent des émissions de TV pseudo-intellos qui servent surtout à courir d'émissions de variét' en plateaux de télé-réalité.
Bref, on est loin de la solution idéale. Un petit malin de New-York nous vend maintenant un nouveau concept: le mouvement 'électro intello'. Les dance-floor seraient devenus des centres culturels où les jeunes viennent échanger, tout en humour, leurs états d'âme et leurs coups de gueule. Deux essais presques convaincants qui peuvent nous remonter le moral quand celui-ci était au plus bas. On achète? On préfére louer même si ça coûte plus cher. On s'est fait avoir trop de fois par le passé.
(LCD Soundsystem - Sound of Silver - Capitol)

Friday, April 13, 2007

La Balle Est Encore Brûlante


Un homme est étendu dans une ruelle sombre de New York. Il est mort et bien mort. Le sang qui s'écoule de sa poitrine ne fait aucun doute. C'en est fini de cette vie qui était pourtant bien remplie.
Il a tout vu, devant ses yeux encore ouverts, des milliers d'images ont défilé. Plusieurs époques, de nombreuses rencontres, de nombreuses images, de nombreuses amours. Il a vu ce qu'il a vécu. Un incroyable patchwork de sensations, parfois désagréables mais toujours dans le vrai, la sincerité et l'espoir. Une succession de sons et de moments, intelligemment orchestrés, teintés d'une agressivité liée à ce moment particulier. Son talent émerge des situations extrêmes, de cette soif de vie qui s'échappe petit à petit, une urgence de créer pour ne pas regretter. Pas de doutes, notre homme a donné tout ce qu'il avait dans le bide avant de nous délivrer le chant du cygne. Un bras d'honneur, un bras pointant le ciel pour défier les cieux, un bras qui aura dit 'fuck' pendant des années. L'homme est mort en véritable héros.
Ces deux trous rouges au côté droit ne sont finalement que des points finaux à une expérience troublante et unique qui s'appelle la vie. Malgré l'intensité, une seule chance et un seul choix à chaque fois. Mais cette intensité, elle se concentre dans cet homme, étendu dans une ruelle sombre de New York. Elle est magnifiquement troublante.
La mort est magnifiquement troublante. Elle est le résumé tragique d'une vie qui s'échappe. Elle est parfois aussi le début d'une nouvelle histoire. A suivre donc.

(El-P - I'll sleep when you're dead - Definitive Jux)

Monday, April 9, 2007

La Double Vie d'Albert


Imaginez d'avoir la possibilité de jeter un oeil à votre vie si vous aviez fait un choix différent à un moment important de votre vie. Ce serait forcément troublant de se voir sous les traits du même bonhomme effectuant des choses complétement différentes. Imaginez_vous dans un autre pays, marié à une autre femme ou courant après tout ce qui bouge, musicien ou boucher, emmerdeur fini ou blasé de la vie...Bref, ne soyons pas avares de l'exercice, tout ceci serait bougrement excitant.

Certaines personnes ont la chance de pouvoir expérimenter ce genre de choses, grâce à une vie qui leur permet d'explorer d'autres facettes de leur personnalité. Quelle serait leur première envie? Sans aucun doute, celle de pousser au maximum leur côté le plus secret et le plus extrême (pas forcément obscur mais forcément bien caché sous les masques du personnage plus connu). Bref, quand on peut se mettre, on lâche forcément la bribe, on se retrouve avec son soi sans aucune envie de se contraindre. Les mots viennent forcément plus facilement. De toute façon, c'est l'autre qui l'a dit, c'est l'autre qui l'a fait.

Alors quand ce petit manège nous donne quelque chose de plutôt mou, c'est forcément décevant. C'est très beau, c'est presque héroïque mais c'est putain de mou.


(Albert Hammond Jr - Yours To Keep - Rough Trade)

Sunday, April 8, 2007

Singing In The Pain


Un jeune homme se dégage de la foule et s'éloigne de la bouche de métro de laquelle il vient de sortir. Un sourire illumine son visage qui ne se distingue pas très bien dans la pluie froide qui vient se déverser sur cette banlieue sans âme. Il semble heureux d'être là, le sourire aux lèvres presque forcé. L'environnement dans lequel il progresse n'inspire que désolation et solitude. Quelques pas de danse sont esquissés mais sans véritable passion. L'humeur est au bilan et au questionnement. On prend le temps de voir défiler une vie qui ne nous appartient plus. Les yeux sont forcèment humides, les chaussures sont trempées et brillent sous les lampadaires cassés. Le gavroche est bien de sa génération même s'il n'oublie pas l'importance des événements passés. Son mimétisme le trahit parfois. Il erre sans se plaindre.
Un habit de lumière taillé pour la pénombre. Un regard qui transperce une brume polluée. Une démarche assurée mais fatiguée. La maturité d'un bout d' homme en pleine puberté. L'héroisme d'un garçon tout à fait ordinaire. On est bien loin de Gene Kelly même si la fierté d'être vivant est palpable.
Rentre-t-il du foot? Reviens-t-il d'une manifestation contre Le Pen? S'est-il un peu perdu en revenant du Troca? On en sait foutre rien. La seule chose, c'est qu'il ressent la même chose que son père au même âge et qu'il verra son fils vivre les mêmes choses. Des choses ordinaires mais eternelles. Superflu et sûrement essentiel.


(Bloc Party - A Week End in the City - Vice Records)

Prenez et Mangez En Tous


Le saint livre n’a pas pu être écrit en une seule journée. Loin s’en faut. Le monde, lui-même, a nécessité une semaine entière et fut loin d’être une réussite. Alors le brouillon a été indispensable. Un brouillon qui fut déjà suivi par de nombreux fidèles, ébahis par tant de dextérité et de finesse. Mais oublions déjà ce bout de torchon qui ne vaut déjà presque plus rien. Les prêtres, auteurs de ce nouvel opus, veulent nous faire croire qu’un avenir meilleur est possible, en prenant même le risque de flirter avec l'antéchrist.

Au contact d’une force mystique et mis au monde dans un endroit aux ondes divines et sûrement impénétrables, voici le document enfin prêt à l’emploi. Huit hommes et femmes en colère qui voulaient créer une rupture dans la façon d’aborder l’humanité. Et la lumière fut.
Cette lumière définie comme artificielle crée une véritable chaleur humaine et rappelle que les véritables vibrations ne peuvent venir que du monde des ombres. Encore faut-il l’éclairer aux bons endroits. Et ça, les gens de foi savent y faire.
Ils sont prêts a prêcher la bonne parole tant la portée et l’énergie de leur message sont communicatifs. Ils soulèveront des stades entiers du joug de la société malade dans laquelle nous évoluons. Aurait-on trouvé la formule pour rassembler les gens à bout? C’est bien possible, même si seul l’avenir nous le dira.

La sainte parole est donc enfin disponible et prête à être digérée. Elle est âpre, brute, dérangeante, séduisante, inspirante, troublante. Elle a certainement été victime d’une intervention de l’au-delà. Mais c’est une autre histoire. Vous devrez aller vers eux car ils ne se déplaceront pas. Il faut mériter d’être en contact avec le divin. Laissez vous donc évangéliser. Laissez vous guider. Allez à leur rencontre. Ce sera un moindre mal. Une secte enfin inoffensive. Un messie qui ne se prend pas la tête et ne vous promet rien que vous ne puissiez déjà puiser en vous.
A mettre entre toutes les oreilles pour qu’enfin on arrête de dégobiller des foutaises comme l’on fait d’autres projets de grande envergure il y a 2000 ans. Classique qui fera loi.


(Arcade Fire – Neon Bible - Barclay)