Saturday, June 30, 2007

Nos Voeux Les Plus Sincères



Je viens de tirer sur la sonnette. Il est absolument impossible de se tromper: la musique est à fond, le bruit des verres et des bouteilles qui s'entrechoquent s'entend depuis la rue, les ballons ornés d'un puissant 'Bon Anniversaire' donne à la maison un aspect de chou à la crème quelque peu écoeurant. Bref, c'est la teuf. En plus, j'ai sous le bras le cadeau qui va la rendre heureuse, un truc qui vient de sortir et que j'ai soigneusement emballé dans un papier doré qui va forcèment donner aux autres cadeaux un rôle secondaire dans le script de la soirée. Elle m'ouvre la porte, elle est...elle est...bref, elle est elle. Je la désire depuis tellement longtemps. Après les bisous de bienvenue, les 'Fais comme chez toi' et les 'Tu connais, Bruno, je suis au Club de Bridge avec lui', je me rends jusqu'au bar pour mieux me lancer sur la piste de danse quelques minutes plus tard. Le moment est important, presque cérémonial. Je m'envoie une vodka orange sans sourciller (en essayant de ne pas sourciller) et je me lance dans une imitation approximative de groupes de rock à la mode, surfant sur les différentes musiques comme sur les différentes époques. Je suis le master...enfin c'est comme ça que je le vois.

La lumière s'éteint. Le gâteau arrive et on va ouvrir les cadeaux. Elle va tomber dans mes bras. Ce soir, c'est mon soir. Le papier doré éclabousse toute la pièce de ses éclats surréalistes. Elle l'a remarqué et prend mon paquet dans ses bras parmi les premiers. Je m'approche de façon désinvolte, laissant clairement l'impression qu'il s'agit de MON cadeau. Elle déchire le papier avec rage, elle ecartèle le carton avec classe. Et là, elle s'écrie au moment où la musique s'arrête 'C'est trop fort, c'est génial je veux dire, c'est même complétement incroyable. Tu me connais trop bien. Ma mère m'a offert le même hier.'

Retour au bar. La musique reprend. 'Putain, sa mère.'

(The Bravery - The Sun and The Moon - Island)

Tuesday, June 26, 2007

Sunday Bloody Sunday


Foire du Trône. Dimanche. 17h00.

Autant vous dire que pour en arriver là, on devait bien se faire chier ce week-end là. Se balladant entre les attractions à deux balles et les lascars à la recherche de sacs à main à tirer, on se demande bien dans quelle attraction on va bien pouvoir mettre nos pauvres 10 euros. Pierrot dégueule dès qu'il est à plus de deux mètres du sol, Julie crie comme une conne dès que ça tangue légèrement et Sabine arrache votre bras dès lors qu'elle a la tête à l'envers.
'La Maison de l'Etrange'. Un train fantôme. Voilà qui devrait réconcilier le style de chacun et, puis, personne n'est jamais mort d'une petite frousse. On s'installe bien au fond des sièges surplombés d'un Dracula plus faux que nature. Les portes claquent, nous voilà dans les griffes de la peur mécanisée. Plus on avance, plus on se rend compte que tout est un mélange un peu poussiéreux de ce qui nous faisait peur quand on avait douze ans. Les fantômes sont moyennement lubrifiés, les vampires sentent la transpiration, les mort-vivants un peu poussiéreux, les serpents vraiment immobiles et les indiens sanguinaires plutôt marrants. Mais bon, c'est quand même bon de retrouver les petites peurs d'autrefois et franchement, à certains moments, ça fout un peu les jetons (d'ailleurs il m'en reste pour le stand de tir de la semaine dernière). On ressort avec quelques frissons, mais surtout avec de l'excitation. Il est un peu tard, faudrait qu'on reprenne le RER (autre train fantôme dans son genre).
Et puis merde, en fait, on se refait un tour. On y retourne quoi. C'est quand même ce qu'on a trouvé de plus marrant à faire cet après-midi. Et on en redemande.
(The Horrors - Strange House - Stolen Transmission)

Tuesday, June 19, 2007

Il Est Fort Alamo


Du haut de mes 9 ans, je regarde attentivement les nuages qui courrent derrière l'épais manteau de feuilles de l'arbre dont le tronc s'élance juste derrière moi. Je commence à grelotter, le vent s'est levé et quelques légers frissons me transpercent le dos quelque peu dénudé. Je suis attaché comme un con à cette arbre, affublé de ce chapeau de cow-boy ridicule, avec ces vieux pistolets en plastique qui pendouillent à ma ceinture. On m'y reprendra à jouer aux cow-boys et aux indiens avec les potes qui doivent rentrer dîner à 19h et qui ont tellement peur de leur mère qu'ils en oublient de me détacher avant de rentrer chez eux.
Et maintenant je me gèle les couilles dans ce bois tellement moche qu'ils n'on même pas assigne de garde forestier. Et cette nuit froide qui pointe son nez ne me dit rien de positif sur les prochaines heures d'attente (celles qui nous séparent de la fin du dîner de mes potes). Mais tout cela est bien étrange, je sens une présence derrière moi. Je n'ai pas vraiment peur même si les pas se font sourds et inquietants au fur et à mesure qu'ils s'approchent. Cette presence qu'on pourrait traiter de fantomatique m'enveloppe de sa sérénité, elle me donne un peu de chaleur 'humaine' même si je pense bêtement que tout cela vient de mon imagination. Des voix s'entrechoquent autour de moi, des complaintes se distinguent, me guidant vers l'ombre d'un chamane imaginaire qui m'accompagne dans notre monde brutal et électrique. Le choc des cultures ne semble pas lui faire peur mais notre ami ne s'attarde pas. Sa presence se fait intense mais furtive. On peut comprendre, il a beau tenter, il ne peut toujours pas encadrer les cow-boys, même ceux de 9 ans affublés de flingues/fringues ridicules. Je n'ai jamais eu peur, j'ai même pensé trouver la paix intérieure dans le chaos qu'est déjà ma vie (c'est dur d'avoir 9 and de nos jours). Surtout dans la situation actuelle. L'agressivite ne m'a jamais effleuree meme si elle etait bien presente.
Putain, mes potes ne reviennent pas. C'est décidé, la prochaine fois, je ferai l'indien. Etrangement, je boufferai à ma faim.
(Tomahawk - Anonymous)

Saturday, June 9, 2007

Un Cri Dans La Nuit


Nous n'évoquons point ici un cri comme les autres. Nous ne parlons pas de tous ces vulgaires cris qu'on appellent primaux, primesautiers, stridents ou encore santhèmes. On en est encore loin. Ce cri là nous a suivi pendant de longues années, créant les pires suées dans nos nuits agitées. Il nous a fait découvrir que le cri n'était pas seulement douloureux mais douloureusement évocateur. Et puis l'aube pointa son nez, laissant derrière lui une nuée de sentiments difficiles mais éclairant à jamais ce cri qui ne demandait qu'à s'illuminer. Dans cet univers plus solaire, notre cri devient presque complainte mais se plut à pouvoir s'adoucir sans que personne ne vienne se plaindre. Le fait de vivre dans la Ville des Lumières sembla adoucir le cri qui n'avait pas l'habitude d'être aussi distant, mélodique, presque plaintif. Une vraie leçon d'humilité pour un cri qui n'a plus rien à prouver.
Mais la journée, on s'y ennuie parfois, c'est long et répétitif, bien que les sentiments y soient généreux. Pas d'inquiétude, la noirceur de la nuit reviendra bien vite. Et notre cri fera vibrer à nouveau nos tympas indélicats.
(Chris Cornell - Carry On - A&M)

Friday, June 8, 2007

Le Corbeau Se Détend


Maître Corbeau, sur un arbre, mais alors complétement perché, a pris la sage décision de descendre de sa branche moisie et de revenir sur le plancher des vaches. Après avoir essuyé quelques tempêtes, après avoir lui-même crier bien haut que son plumage valait mieux que son ramage, après avoir regardé les petits renards fébriles de haut, il a bien décidé de se refondre dans la masse malodorante de la Nature qui tâche. Certains crieront au scandale, prétextant un abus de confiance sur La Fontaine. D'autres diront que de revenir à des bases solides n'est pas une bêtise en soi. Je dois avouer que, malgré le danger de se faire dévorer tout cru par des animaux sans scrupule, le corbeau a quand même les couilles de venir voir ce qui se passe par ici et que finalement il n'a pas trop oublié les fondamentaux. Cela reste digérable, même carrément bouffable et plutôt goulûment. Ne boudons pas notre plaisir de chair fraîche et partageons le calendos, tout en se disant que si on a encore faim, on est pas contre un peu de volaille. Si en plus, on y ajoute quelques bières, ça passe vraiment tout seul.
(Marilyn Manson - Eat Me, Drink Me - Nothing)

Wednesday, June 6, 2007

La Classe En Sueur


Le ring scintille d'une lumière mélodramatique. Il n'est pas question d'un combat de boxe mais bien d'une mise à mort dont chaque rouage aurait déjà trouvé son dénouement. Notre boxeur est un esthète, arrivant décontracté devant un parterre de spectateurs médusés, sous une musique d'orchestre philharmonique. Son adversaire semble sourire de tant de délicatesse croyant à l'ambition démesurée d'un jeune premier pas encore dépucelé. Notre homme sautille, se morfond, se tortille tout en restant d'une classe imparable, pas un geste plus haut que l'autre. L'autre en profite pour asséner quelques méchants coups qui lui font baisser la garde et l'obligent à des gestes un peu faciles et protecteurs. Mais la classe reprend ses droits. Un peu d'étincelles, un peu d'emphase, le tout enrobé d'une mélancolie et d'un détachement sans égal. Malgré la lourde impression que tout cela est une fausse réadaptation de styles de champions déjà vus, il s'en sort avec style et quelques mouvements bien sentis suffisent à achever la bête (l'autre en fait, dans toute sa vulgarité de boxer de quartier). Une force tranquile qui prend tout le monde à contre-pied et qui asseoit une force de persuasion rarement vue. Un peu de sueur coule sur son front. Détruire ses adversaires avec décontraction et panache n'empêche pas un certain investissement personnel. La salle se vide et se demande s'ils n'ont pas assisté à un ballet de coups ou à une symphonie d'upercuts bien placés. Une surprise qu'on ne manquera pas de répéter à l'occasion, dans une salle de concert classique peut-être.
(The National - Boxer - Beggars Banquet)

Monday, June 4, 2007

De Bric Et De Broc

Un atelier perdu au milieu de nulle part. On y pénétre comme on entre en religion...sans se prendre les pieds dans les outils. La faible lumière de la bougie agonisante rend l'endroit mystérieux et insoupçonnable. Les vieux murs en brique, les tournevis pliés ou les pinces rouillées prennent vie au fur et à mesure de l'exploration. On ose rien dire. L'endroit est devenu mystique à travers les âges. Une ombre nous fait deviner notre artisan, plié sur son établi. Il nous tourne le dos par modestie ainsi que par pudeur. Cet homme a permis à des dizaines de petits bijoux de mécanique de prendre vie. Et ainsi de donner du bonheur à des milliers de gens. On l'interpelle avec prudence. Il ne se retourne pas. Quelque chose nous inquiète mais on n'ose pas penser au pire de cet environnement de quiétude et de passion. Un regard est lancé au-dessus de son épaule. On distingue à peine quelques vis sur la table en bois mais on distingue nettement quelques larmes tomber du visage de notre bonhomme. Ce n'est pas la première fois qu'il s'émeut d'une nouvelle découverte. Mais là, c'est différent. Il sait qu'il touchera beaucoup plus que l'esprit des gens, il touchera leur imaginaire.

(Joakim - Monsters & Silly Songs - Versatile)

Sunday, June 3, 2007

Révolution De Velours


Beaucoup ont tenté de changer le monde. Personne n'a réussi. Le nuage de liberté ne donna que de la pluie acide sur les rave parties du monde entier. Des cris d'enfants ne changent rien à la stupidité du changement. Le regard vers le passé semble surrané et indélicat. Une voix rassurante ne suffit pas à rassurer. Un homme seul sur un banc ou sur une barricade. Un geste de trop qui ne fait pas avancer l'histoire. Trop gentil pour être honnète ou trop méchant pour être crédible. L'electricité donne le pouvoir à un pays mais ne sert à rien à un seul homme. Asseyez-vous sur le bord du monde et ne vous laissez pas glisser, ce serait con de tomber de haut. Les hauts et les bas du dernier mouvement des mohicans échappent à toute explication littéraire. Un cri qui endort et encore c'est peu dire. Les élections vont tout changer parce que c'est toujours la même chose avec différentes façons de le dire. Être talentueux est une chose, même si il est difficile de l'être tout seul. Pourquoi s'énerver en douceur? On ne changera pas le monde. Les américains ont ça pour eux: ils veulent changer le monde qu'ils ont créé et qu'ils veulent garder intact. Je m'ennuie.
(The Nightwatchman - One Man Revolution - Sony)