Saturday, August 30, 2008

Changer pour Durer

Ou durer pour changer. C'est toujours l'inverse de ce qu'on peut attendre qui finalement arrive vraiment. Le changement ne peut se faire que sur la durée mais la durée n'est pas forcément synonyme de changement. Alors comment prendre la chose? Comme toujours avec philosophie. Et quand cela arrive, c'est plutôt une bonne nouvelle.
D'ailleurs, c'est une bonne nouvelle quand cela arrive. Cela arrive quand une bonne nouvelle est attendue. De toute façon, le changement est d'une subjectivité étonnante. Personne ne tombera vraiment d'accord sur le sujet. Le vrai tournant se fait dans l'inattention et la surprise. C'est tout ce qui reste de la théorie du changement par le choc.
Bref, une seule conclusion. La rhétorique a été inventée par les emmerdeurs.

(Bloc Party - Intimacy - Wichita)

Monday, August 25, 2008

Les Racines des Autres

S'accaparer la vie d'un autre. Réinventer une histoire, une émotion, juste un moment qui nous échappe. La vie des autres n'est intéressante que lorsqu'on la vole, qu'on la cache et qu'on l'utilise. 
Je suis nu. J'ai froid et je me sens seul. J'ai pris ce qu'on voulait bien me donner. Un peu de ce sol que j'ai foulé, un peu de cette ville que je me suis accaparée, un peu de cette odeur que j'ai humée, un peu de cette sueur que j'ai embrassée. Je suis d'ici. Avant n'existe plus. Ma chair de poule ne trahit personne. Je suis d'ici même si c'est loin. Les racines que j'ai inventées ont dû être arrachées. Du sang et de la sève coulent encore sur mes mains. Je me sens orphelin d'un parent imaginaire. Mais je retrouve sa présence de temps à autre.
Finalement, je suis allé voler ailleurs mais j'ai encore de la terre dans les poches.

(Concha Buiko - Nina de Fuego - Dro Atlantic/Warner)

Sunday, August 24, 2008

Pop Up the Jam

Les petits souvenirs, les madeleines s'entrechoquent dans une démesure policée. 
Tout est d'une simplicité enfantine comme dans un jeu pour moins de 7 ans ou plus de 77 ans (même combat pour les deux groupes). Tout est sucré, aromatisé, parfumé. Les douces lenteurs des moments oubliés. Les odeurs de cuisine traversent la maison durant les mois d'été, quand les fenêtres sont grandes ouvertes. Les bruits qui se hissent le long des murs caressent les oreilles d'une inoffensive ferveur. Les amis ne sont jamais très loins pour partager des moments que tout le monde appréciera et oubliera très vite.
Les bonheurs se ressemblent car ils sont le résultat de notre propre projection des moments qui comptent. En gros, si vous vous mettez pas dans l'ambiance, passez votre chemin et retournez dans une violence salvatrice.

(Stereolab - Chemical Chords - 4AD)

A Vouloir Trop en Faire

On part un peu dans tous les sens. Le culte du maintenant, le culte de la vitesse que certains voudraient détruire à coups de plume avisés. La paresse n'a plus sa place sur cette foutue planète. Il faut bouger et encore bouger. La paresse n'existe pas pour les hyperactifs. Mais la qualité ne suit pas toujours.
A vouloir trop en faire, on en fait toujours un peu trop. C'est bien normal. On ne peut le blâmer, juste mal le digérer. C'est opaque, c'est gras, c'est difficile d'en faire de petites bouchées subtiles pour estomac fragile. On ne sait pas quel morceau du gâteau il faut attaquer en premier. La grosse part du milieu semble intéressante mais on finit pour sûr au-dessus de la cuvette.
Le trop est l'ennemi du bien. Une vérité qu'il est facile de détruire. Mais qui se révéle totalement plausible dans bien des cas. Dans tous les sens, ça perd de son sens.
(The Dandy Warhols - Earth to the Dandy Warhols - World's Fair)

Sunday, August 17, 2008

Big Bazar

Mon oeil est attiré par un objet un peu brillant au fond de la salle. Je m'approche, c'est une vieille lampe art déco. Pas terrible. Une musique m'attire un peu plus loin sur la gauche. Une boîte à musique d'un autre âge et un peu déguinguelée me fait de l'oeil. Je me décide à faire le premier pas et je passe devant les rayons des dictionnaires, quelque peu jaunis par le soleil. La musique s'arrête quand je me trouve à sa portée. Une sorte de petite mort en live. Juste un petit cliquetis persiste à donner le tempo.
Un rayon reste un secret pour moi. Les produits de nettoyage. Je ne suis pas un expert, loin s'en faut. Mais j'en ai besoin, je me décide à regarder ce qu'il me faut comme minimum dans mon 2-pièces. Tout est écrit en Chinois. Impossible de faire la différence entre le débouche-chiottes et le produit vaisselle. Peut-être qu'une casserole me consolera. Trop lourdes, peu maniables, un peu chères. Je continue d'observer, de m'intéresser...
Après une heure dans le magasin, je sort bredouille. Trois fois que je viens et, malgré le choix, je n'arrive pas à acheter.
(Brazilian Girls - New York City - Verve)

Monday, August 11, 2008

Papier Bristol

La table du pub scintille de tous ses reflets dorés. Le videur est en baggy mais reste intraitable. La bière caresse à la manière du champagne, laissant des vapeurs délicates et distinguées. Le musicien du piano bar se sert d'un ampli à lampes qu'il observe derrière ses Ray Ban. La chanteuse est dans une robe moulée noire et vient d'arriver avec son mec DJ en Hummer.
Le serveur, ayant mis un peu de gel dans sa mêche rebelle, ne remplace pas son stock de Guiness pression, préférant inventer des cocktails pour ses guests. Les volutes de fumées sentent la weed, la majorité préférent les poudres nasales. Les boiseries ont été lâquées, les tabourets mis au placard, la TV 70's remplacée lâchement par un plasma. Même les lumières sont de couleurs différentes pour laisser entrevoir les sourire des jeunes Yuppies du quartier.
L'Angleterre des prolos prend un coup de glitter en pleine face. Vous savez, l'Angleterre des prolos qui veulent s'en sortir.
(Tricky - Knowle West Boy - Domino)

Sunday, August 10, 2008

Le Pouvoir de la Parole

Parler beaucoup, c'est bien. Parler fort, c'est mieux. Parler juste, c'est un réel pouvoir.
Les grands et les petits de ce monde ont très vite compris ce tryptique que je viens de créer sous vos yeux de moutons ébahis. Tout cela a parfois donné des frayeurs au troupeau dans lequel on vit tous. Des stades entiers ont repris à l'unisson des hymnes de paix et de joie, autant que des baves de propagande et des ordres de mort, tout cela de la même manière. C'est grisant et terrifiant.
Les paroles doivent donc être mesurées? Non. C'est en tout cas ce que je pense. Les mots proférés sont une partie de soi-même qu'il ne faut pas étouffer. Les mots sont une arme - on le sait, c'est un peu (r)abattu. Mais c'est une réalité du soi pensant (j'adore faire l'intello de bar).
De là à les crier tout le temps, c'est souvent chiant. Mais c'est efficace. Et l'écho se fait plus long dans le temps.

(CSS - Donkey - Sub Pop)

Friday, August 8, 2008

Le Vernissage

Une amie plutôt mignonne vous invite à un vernissage underground. Le stress et le doute s'installent. Vous savez que ça va être chiant, mais si vous faîtes l'impasse, vous pouvez faire une croix sur la meuf. Le scooter chauffe déjà, dans 10 mn, vous êtes arrivé devant la cave aménagée en galerie d'art. Putain, ça promet.
Un verre de mauvais champagne à la main, il faut jouer des coudes pour voir les oeuvres. Mais vous doutez sur le fait que vous êtes en train de regarder un tableau ou juste un panneau de signalisation indiquant les toilettes. Renversant. Et là, c'est fantastique. Il y a toujours un mec qui fait le show. Il n'arrête pas de parler, il connait tout sur tout, il est marrant, il provoque, il rassure, il s'emmerde comme vous mais il le fait avec élégance et irrévérance.
La soirée passe vite. Les toiles colorées teintées de mélancolie deviennent de véritables histoires drôles dans les yeux de ce trublion. Incroyable. Il est trop. Merde, il est 23h et je dois me barrer pour finir un présentation pour demain.
C'était vraiment super. Le scooter chauffe déjà pour vous ramener à la maison. Mais au fait. J'ai pas vu la meuf. Rien à foutre...

(Dan le Sac vs Scroobius Pip - Angles - Lex Records)