Saturday, June 28, 2008

Libre Comme l'Air

Une porte claque. Un cri dans la maison. Personne ne rentre. C'est toi qui sort par la fenêtre. La pression était insoutenable. Les frustrations trop nombreuses. Il fallait que cela s'arrête. Maintenant, l'enfance morte, l'adolescence écumée, tu peux devenir mon fils. Emprunt d'un sens sans réelle portée. Sans aucune signification. Car c'est toi qui dirige maintenant.
Ta voix file vers l'horizon. Muette, discrète, fluette, esthète. Tu es libre. Tu peux faire les conneries que tu veux. Ou presque. Car tu n'en fais plus. Ou moins. C'est incroyable comme la liberté d'échouer te pousse à ne pas le faire. Une drôle de situation.
Reviendras-tu? Peut-être pour dire bonjour? Emprunter un peu d'argent? Ou alors tu seras trop loin pour te payer le billet de retour. L'important, c'est d'avancer. Même en faisant des pas de côté. Au fait, c'est quoi déjà ton nom, fils de personne?


(Albert Hammond Jr - Como te Llama - Rough Trade)

Monday, June 23, 2008

La Révolution de Velours

Un enfant monte sur les barricades. Il ne veut pas se battre et veut prendre de la hauteur. Il veut voir la mort. Il veut sentir la fumée et l'encens l'envahir. Il ne se doute de rien et clame sa fierté haut et fort. Le monde qui est le sien n'est plus. Il regarde autour de lui. Le silence envahit les rues. Le silence est trop lourd à porter, trop fort, trop sonore. Il crie...mais ça reste à l'intérieur. Rien ne passe.
Un vieillard descend des barricades. Il sait qu'il va mourir. Le monde qui est le sien n'est plus. L'abattement est visible. Il ne crie plus. Il sait que cela ne sert à rien. Il sait que les paroles s'envolent et que le reste aussi.
En fait, la vie est un combat. Et celui-là, on le perd toujours.
(Coldplay - Viva la Vida - Capitol)

Sunday, June 22, 2008

Believe The Hype

L'éphémère est la norme. Les corps s'enchaînent sur le catwalk, des zombies à la peau blanche et aux os inexistants. La foule s'assombrit. Elle ordonne. Elle dévore. Elle se sent bien. Le bruit des gens suintent des contractions d'euphorie qui seront oubliées demain. La qualité du désordre est une preuve de succès. Pourquoi ne pas faire ce qu'on veut?
Jeunesse débordante, crachas dans la gueule. La tension monte. La jouissance de l'instant est une récompense qu'il ne faut pas laisser passer. Jamais. L'instant présent. Cet animal nauséabond et insaisissable. Une vraie plaie. Ouverte sur le monde, sur le temps présent, sur l'urgence.
Une adoration du dispensable. Une grande avancée pour le rien. Un plaisir décadent avant tout. Construire par la déstruction.

(Crystal Castles - Crystal Castles - Import)

Thursday, June 19, 2008

On Tourne En Rond?

Le Russe tourne souvent en rond mais jamais de la même façon. Parfois mélancolique, mais bien souvent agressif. Plus souvent calculateur mais parfois détendu. Le Russe tourne en rond dans tous les sens. Un brin de courtoisie n'empêche pas une rigueur et une fermeté oppressante. Il se répéte mais change le sens. Il change de sens et tente de pas se répéter.
C'est énorme. Pas besoin de mots. Ils sont de trop. C'est plus gros que la vie. Souvent trop.

(Russian Circles - Station - Suicide Squeeze)

Monday, June 16, 2008

L'Amour Facturé

La chambre est fatiguée. La sueur noie les quelques espoirs d'amour. Les bougies ne sont plus parfumées depuis bien longtemps, laissant la place à l'odeur de foutre des mauvais soirs. Le lit est bancale mais qui s'en intéresse? Les restes d'orgie jonchent le sol encore sale et humide de la veille. La porte ne se ferme plus, personne ne devient vraiment prude. La musique de la réception de l'hotel est lointaine, démodée et cradingue. Tout est calme, il fait jour. L'animation ne débutera qu'à la tombée du soleil et à la montée des hormones.
L'amour facturé est une véritable poussée d'adrénaline mais ne dure que trop peu. Il ne convient pas sur la durée.

(NERD - Seeing Sounds - Interscope)

Sunday, June 15, 2008

L'Ubiquité du Rien

Un morceau qui me rend faible. Celui-là a un petit côté maladif, malingre et surout insupportable. Cette partie me semble bien joyeuse, intriguant par ce ciel bien gris. Un petit bout traîne par-là, rapide et souriant, une vraie petite bombe. Un petit pas en arrière pour regarder la facette mélancolique. On ne traîne. Avancez, y'a rien à voir. C'est incroyable comme ce petit quelque chose semble ne se soucier de rien alors que rien ne passe vraiment normalement. Une petite voix me dit, unpeu plus loin, que les choses iront mieux. C'est difficile de prévoir, difficile de savoir. On se sent un peu écartelé dans tous les cas.
Finalement, à vouloir être un peu partout, on est bien peu de choses.

(Alanis Morissette - Flavors of Entanglement - Warner Bros)

Tuesday, June 10, 2008

C'est Bien Crade

C'est dégueu. Ca pue par tous les pores. C'est mal foutu. Ca sent le renfermé. C'est toujours la même chose. C'est bruyant. Ca degouline. Ca gueule pour ne rien dire. C'est vieux. Ca veut rien dire. C'est dépassé. C'est pourri. Ca sent la poussière. Ca sent la bière. C'est pas sérieux. C'est pour les retardés. C'est fait par des retardés. Ca énerve tout le monde. Ca casse l'ambiance. C'est désaccordé. C'est pour les mecs qui veulent pas grandir. C'est du grand n'importe quoi.
C'est exactement ce qu'il me faut en ce moment.

(Mudhoney - The Lucky Ones - Sub Pop)

Sunday, June 8, 2008

Tout Cela Est Bien Triste

Le ciel est bien gris. Il ne tardera pas à pleurer de toutes ses larmes. Les feuilles jaunies s'envolent en bourrasques. La cour d'école est bien calme malgré le chant des petites filles en robe sombre. Les jeux sont silencieux, les enfants ne rient plus. La salle de musique n'est pas loin. La porte entr'ouverte laisse echapper quelques fausses notes de flûte. Un petit garçon répète sans trop y croire. Les cloches de l'église résonne. Les veuves se rassemblent dans un quotidien ennuyeux. Plus rien ne les attend. Plus personne.
L'ennui est perséverant. Et le temps n'arrête pas de couler.
(El Perro Del Mar - From The Valley To The Stars - Control Group)

Tuesday, June 3, 2008

Flower Powder

Les fleurs sont flétries. Elles ne tiennent plus sur les bouclettes blondes maintenant bien crasseuses. Les fleurs s'envolent toujours dans le vent clément mais viennent s'étaler lamentablement sur les tombes encore fraîches des soixante-huitards qui nous ont quittés il y a peu. Les peintures puent l'acrylique, les nausées sont bien réelles. Les corps nus sont plutôt ridés et peu attrayants, une attirance malsaine les entoure de vieillesse mal acceptée. La tendresse fait son apparition dans une débauche d'amour rémunéré, de tâches sur l'oreiller.
Un vrai massacre on vous dit et surtout des souvenirs facilement oubliables.

(Brian Jonestown Massacre - My Bloody Underground - A Records)