Monday, August 29, 2011

Le Regard dans les Chaussures

Le regard dans les chaussures. Les cheveux dans les yeux. Le regard est sombre, forcément puisqu'il est invisible. Chaque doigt de pied fait office d'une note synthétique qui ne fait danser que les timides. La salle se remplit mais on ne voit que le lino. Un peu seul au milieu de tout le monde. On passe inaperçu. On essaye. Il ne faut pas se faire prendre, ne pas trop en faire.
Le regard dans les chaussures. Les lacets veulent s'échapper. Il ne faut pas tomber de désespoir. La fille regarde devant elle. Elle est bien dans sa peau. Elle n'a peur de rien. Il faudra faire attention sur la distance.
Le regard dans les chaussures. Le cuir effleure la peau. Le cuir abîme la peau fatiguée. On chante pour que les jambes puissent se mouvoir. L'épilation n'y changera rien. Les jambes sont agiles. Plus qu'un morceau et elles l'emmèneront chez lui. Ce soir ou au petit matin. Quelques heures de différence. Rien de méchant.
Le regard dans les chaussures.

(The Horrors - Skying - XL)

Sunday, August 21, 2011

Un Fauteuil Pour Deux

Un roi ne peut se soumettre au partage. Il ne peut faire croire à son peuple que quelqu'un d'autre peut aussi leur amener ce qu'ils attendent. Une voix venue du ciel ne peut être entendue que par un seul homme, même si ce dernier n'en est plus un. Il y a bien des moments de sympathie pour faire croire que tout pouvoir peut régaler en petites coupures. Il faut bien couper, partager pour mieux régner. C'est en cela que tout semble se mettre en place. Des petites tranches de liberté pour plaire, pour attirer. Mais tout cela reste l'apanage d'un seul être qui veut conserver son avancée sur les autres. Un vrai bonheur personnel. On ne se regarde pas vraiment, ou à peine juste pour éviter le coup de couteau dans le dos. Un vrai petit jeu entre grands hommes. Un plaisir pour tous mais qu'il ne faut pas trop montrer.
Mais au fait, qui a son cul sur le trône? Celui qui vous aura le plus convaincu, certainement.

(Watch the Throne - Jay-Z & Kanye West - Def Jam)

Sunday, June 26, 2011

Un Peu de Tout

Un peu de n'importe quoi. Un peu de bonne volonté. Un peu de vin et de pain. Un peu moins que rien. Un peu de modération. Un peu de sales raisons. Un peu de bruit. Un peu de fureur. Un peu d'ennui. Un peu de ferveur. Un peu de sens unique. Un peu en panique. Un peu de fatigue. Un peu d'entrain. Un peu de visages qui ne ressemblent à rien. Un peu de mélancolie. Un peu de folie. Un peu de maladie. Un peu jeune. Un peu fun. Un peu ravagé. Un peu engagé. Un peu de solitude. Un peu de platitude. Un peu de chose. Un peu de rien. Un peu de lumière. Un peu d'énergie. Un peu de gueule de dépit. Un peu d'entrain. Un peu de vol plané. Un peu de saut groupé. Un peu de ciel. Un peu de nuages. Un peu d'éclairs de génie.
Un peu de tout. Un peu de n'importe quoi. Un peu de tout cela.

(Doesitoffendyouyeah - Dontsaywedidntwarnyou - Cooking Vinyl)

Tuesday, May 24, 2011

Le Bordel des Innocents

La porte est entrouverte. Sur le passé encombré. Sur un passé encombrant. Il faut tout lâcher. Par petites suées. En toute simplicité. L'arbre ne tombera que trop lourd. Comme les pensées qui envahissent mes souvenirs. Les larmes me viennent dans un espoir d'un avenir radieux. La jeunesse ne se lasse pas. Même des vieux. Pas encore. Il faut tuer les icônes du passé. C'est une question de survie humaine. La jeunesse serait-elle aussi maladroite pour respecter autant les hommes qui souffrent de leurs années passées?
La question que je me pose ne me repose pas. La tête enfle de ses contradictions. Il est un temps pour tout et pour n'importe quoi. Ce temps semble lointain mais me hante comme au premier jour. Une véritable insomnie de mots qui ne me donne que des sueurs froides. Il est temps de fermer un oeil. Et peut-être de se crever l'autre. Les autres sens suffiront pour être heureux.

(Yuck - Yuck - Fat Possom)

Monday, May 9, 2011

La Poussière dans les Yeux

On regarde l'horizon, c'est tout bouché. La poussière ne nous donne pas l'occasion d'apprécier l'horizon. Les yeux picotent grave. Du coup, on regarde derrière. C'est beau. Sous le soleil. Les cactus. Les mecs pas rasés. Les femmes aux larges décolletés. Tout le bordel qu'on aime bien en fait. Tout ce qu'on a imaginé est derrière nous, du passé frelaté mais qui fait du bien. Les armes à feu nous ont donné des vibrations qu'aucune espèce humaine n'aurait pu nous donner. Mais, putain, l'horizon est toujours invisible. Un vrai calvaire. Du coup on ralentit la cadence et on demande à quelques amis de nous donner un coup de main. Ils ne connaissent pas le coin mais ils seront les premiers à tomber dans l'embuscade.
Je me frotte les yeux et j'enlève le foulard qui me protège du sable. Quitte à se faire chier, autant se prendre tout le truc en pleine gueule. Je sais qu'on avance, pas forcément dans la bonne direction. On s'en fout. C'est beau et on est tout seul dans ce grand rien.

(Danger Mouse & Daniele Luppi - Rome - Parlophone)

Sunday, May 8, 2011

Les Herbes Folk

Je reviens sur des souvenirs qui ne me ravissent pas. Le retour de l'enfant prodigue est toujours un mauvais moment à passer. Le jardin n'est pas taillé depuis des années. Personne. Une ombre. Deux ombres. Elles rassurent. Les herbes folles se cachent derrière elle-même. Elles montent vers le ciel, droites et en ordre dispersé. C'est ce qui fait leur force. Et leur indifférence.
Je ne peux couper cette herbe, cette beauté sauvage du temps qui passe. Je veux m'y cacher pour mieux souffrir et pour mieux sourire. Personne. Une ombre. Deux ombres. Il est difficile de savoir jusqu'où l'herbe peut pousser. Elle s'arrêtera si on le désire. Ou pas. C'est une forêt de sentiments contradictoires. Cela fait peur pendant quelques minutes.
La beauté est sauvage et le vent vient la faire plier. Jamais je ne remettrai les pieds ici. De toute façon, ils disparaissent dans cette herbe incontrôlable. Je me regarde d'en haut. Personne. Une ombre. Deux ombres.

(Fleet Foxes - Helplessness Blues - Sub Pop)

Friday, May 6, 2011

Une Maison Blanche

Je m'avance dans cette maison blanche aux volets bleus. Je ne les vois pas. Je suis à l'intérieur. Mais je sais qu'ils sont bleus car c'est toujours le cas par ici. Je m'avance. Je me fais discret dans cette pièce énorme qui m'intimide. Pas à pas. Plus je m'avance, plus la pièce m'échappe. Elle s'agrandit. Elle me fuit comme si les sons derrière la porte ne voulaient pas se faire attraper. Je les perçois au loin mais il me semble impossible d'en profiter pleinement. Et cette pièce. Elle grandit jusqu'à devenir une cage aux murs enduits à la chaux.
Plus je m'empresse, plus cela m'oppresse. Et les sons de la mer qui chante m'échappe. Je ne sais pas si cela vaut le coup. Mais je continue d'avancer. Je continue d'espérer. Un peu moins.

(Metronomy - The English Riviera - Because)

Sunday, May 1, 2011

Sexe sur la Banquette

La lune ne vient pas nous déranger. Elle se détourne de l'ambiance un peu sordide de cette fin de soirée. J'ai le cul tout blanc, sûrement l'effet du Gin Tonic dans mes veines. Je me fais mal, je lui fais mal. Le vieux cuir de la bagnole me brûle les genoux à travers mon jean slim. Je m'en débarrasse. Les brûlures continuent de me faire souffrir. J'aime sa voix même si elle simule sous le coup de l'alcool. Je la voulais depuis le début de soirée. Elle me désire depuis dix minutes. J'ai eu le temps de me chauffer, elle a eu le temps d'enlever sa culotte. J'aime ces vieilles voitures. Ni trop voyantes mais un peu quand même. Je peux être sûr que quelques mecs vont s'arrêter pour se rincer l'oeil et se toucher un peu. C'est toujours plus sympa à plusieurs. Elle me raconte des histoires à l'oreille entre deux cris bien dosés. J'aime les histoires quand je fais l'amour. L'amour est une histoire. Surtout sur le bord du périphérique. Je me suis brûlé, j'espère me brûler souvent.

(The Kills - Blood Pressures - Domino)

Sunday, April 24, 2011

Intérieur Nuit

Un intérieur plutôt cossu. Un canapé brille de son cuir immaculé. Juste au milieu comme un oeil à côté d'un autre. Un blanc pénétrant qui ne se fait pas discret dans cet appartement moderne et savoureux. Les ombres bougent mais la lumière est tamisée. Il ne manque qu'un feu pour compléter le rêve de la classe moyenne. Les yeux fermés. Les yeux rivés sur cette envie. Le désir, c'est les autres. Les autres se font rares. Dédoublement de personnalité. Personnalité évasive.
Juste le plaisir d'y penser. Juste les yeux pour pleurer. On a presque touché l'indicible. On l'a effleuré d'une main délicate. On se prend à y être, à y vouloir. La route est longue, la route est imaginaire, la route est émouvante.

(James Blake - James Blake - Universal Republic)

Saturday, April 16, 2011

Rangement, Tout Simplement


Nous avons passé un peu de temps, nous avons voulu voir le monde et le mettre dans un tiroir. Il n'a pas voulu se laisser faire, il est imprévisible. Mais finalement, nous avons pu souffler sur les braises et lui faire comprendre que son imprévisible ambition n'avait plus nos faveurs. Nous avons calmé les ardeurs d'une partie de ces gens qui veulent bouger à tout prix. Le vent nous a fait bouger mais pas plier. Nous avons mis tous nos efforts pour que tout se passe sans vague, sans qu'un scandale n'apparaisse derrière une armoire, sans qu'une poussière vienne se loger dans notre petit intérieur bien pensé. Nous savions qu'il n'était pas chose facile de se reposer, après tant d'efforts et de recherches intérieures, nous savions que les choses devaient se trouver au bon endroit.
Le rangement semblait long et fastidieux mais il n'en fut rien. Tout s'est passé à merveille. Nous pouvons donc nous reposer comme un guerrier qui a conquis le monde et qui peut se l'approprier tranquillement.

(TV on the Radio - Nine Types of Light - Interscope)

Wednesday, April 13, 2011

Body Language

Les muscles sont revenus, comme dans une nouvelle jeunesse inattendue. Le paquet de protéines est sur la table, dessinant une ombre sur le carrelage souillé par la poussière. Les altères des grands-parents pouvaient faire tâche. Elles ne sont que provisoires. Un nouvel achat est prévu pour les prochaines semaines. Une goutte de sueur sur le front. La frange est coupée. Aucune retenue ne peut avoir lieu. Les yeux sont mouillés par l'effort...et par l'espoir. On ne peut croire d'avoir pris tant de masse en quelques mois. L'entraînement est toujours plus important que la compétition.
On ne sera pas venu pour rien. On a une belle claque dans la gueule et, pour une fois, c'est nous qui la donnons. Ne soyons pas timides, ne soyons pas farouches. Une bonne grosse claque dans la gueule.

(Foo Fighters - Wasting Light - RCA)

Sunday, March 27, 2011

Un nuage bienfaiteur

Ne laissant paraître qu'un petit bout de son nez, le nuage se profile derrière un soleil discret. Il est temps de ramasser ses affaires et de bouger pour un endroit plus propice pour le farniente. Je ne pense pas que d'échapper à un simple nuage puisse nuire à ma tranquillité. Les ombres font partie de la vie, il ne faut pas les fuir pour penser que tout ira mieux quelques mètres plus loin. Il s'agit de vivre avec l'attitude de celui que rien ne peut vraiment perturber.
Il est des hommes qui sont des ombres dans votre vie. Mais ils n'apparaissent que partiellement, et surtout ils sont de bonne augure. Il s'agit de savoir comment leur dire à quel point leur maladresse fait du bien. Il s'agit de comprendre qu'une présence malade n'est un signe que pour rendre l'endormissement impossible. La beauté obscure. Je n'y croyais pas. Elle doit faire maintenant partie de ma vie.

(Several Shades of Why - J. Mascis - Sub Pop)

Monday, February 7, 2011

La Cour d'Ecole

Je me souviens de mes courses effrénées derrière le préau, en sous-pull orange et en survêtement marron. Je faisais déjà attention aux palettes couleur que j'arborais. Même si c'était dans le cadre de l'Education Physique et Sportive, je me lançais à corps perdu dans les longues distances. J'étais motivé par le derrière des filles qui se déhanchaient terriblement, entre souffrance et performance. De toute façon, quand on est gamin, le cul est plus attirant que les seins. La réalité vaut mieux que la fiction. Donc je mettais toute mon attention sur l'Education Physique (le sportif viendra un peu plus tard pour trouver des moyens d'inverser le processus, que les filles vous courent après).
C'est une énergie qui risque toujours de se dissiper avec l'âge. Il faut se battre contre ça, il faut s'accrocher. Car l'innocence n'a de beau que l'impureté qui lui est associée.

(The Go! Team - Rolling Blackouts - Memphis Industries)

Tuesday, January 18, 2011

Le Masque de Fer

Comme on se la pète, surtout quand on ne se fait pas repérer. Un petit coup de ce qu'on sait faire et puis s'en va. Il faut quand même se remettre en question, la jeunesse n'est plus une excuse. La fiche de paie se doit d'être honorée. Derrière mon loup, je dois faire ce qui leur plaît. Et nous avons réussi la pirouette. Que nous sommes beaux, que nous sommes forts...un vrai moment de bonheur partagé. C'est exceptionnel comme la poussière n'accroche pas au casque en pleine vitesse.
La poussée d'adrénaline ne peut être plus claire. On en redemande. Les éclairs dans la tête. On devient accro. On devient l'enfant qu'on a pu être avec toutes les références qui vont avec. Les meilleures, les pires, les plus importantes. C'est tout simplement ce dont nous avons besoin. C'est tout.

(Daft Punk - Tron: Legacy - Disney)

Monday, January 10, 2011

Retrouvailles Tardives

Un ami vous tourne le dos comme pour mieux revenir. Son haleine fétide devient une madeleine de Proust de nos soirées collantes et humides. Les cheveux sales depuis le matin même et ce jusqu'au matin suivant. Il faut du temps pour changer, il en faut encore plus pour ne pas changer du tout. Tout cela me semble si proche, ma mémoire me fait défaut mais je me souviens de ces moments d'absence où tout semble chargé d'énergie et de fausse pudeur. L'adolescence ne meurt jamais, ce qui est inaltérable, c'est ce goût du travail mal fait, de la connerie à venir. Mais tout cela sent terriblement l'espoir de grandes choses, de belles émotions et de terribles cris de joie. La réjouissance est un plat qui se mange chaud, je suis ravi que quelqu'un ait réparé le micro-ondes pour raviver la flamme. Cela me brûle déjà les poils des jambes.

(Grinderman 2 - Grinderman - EMI Music)