Un ange passe...et puis s'en va. Ils étaient même peut-être trois. Une nouveauté? Reviendront-t-ils? On ne sait pas. Ils doivent sûrement être déjà loin maintenant.
(Au Revoir Simone - The Bird of Music - Cooperative Music)
Une seule écoute, une histoire, une critique qui nécessite d'avoir le disque pour la comprendre. On voulait détruire l’art par l’art, détruisons la critique par la critique.
Une patrie mère de tous les vices. La foule gronde, un mouvement sourd. Notre fête est sans artifices. Le désir jusqu'au petit jour. Chantez, chantez, ce monde désenchanté. Perdu dans ton espace étriqué. Cette musique lourde m'affaiblit. Elle m'insuffla jadis tant d'envie. Notre jour de gloire est arrivé. Un lampion s'éteint dans le matin. Notre étoile meurt dans la lumière. Pour mieux briller enfouie sous terre. Un commencement qui sent la fin. Chantez, chantez, ce monde désenchanté.
http://fr.youtube.com/watch?v=o2YzSb4V8U4
(Vive la Fête - Jour de Chance - Uwe)
J'étais fou d'elle. Complétement frappé. Je la kiffais grave avec son air de pas y toucher mais résolument rebelle. Avec ses extensions rasta mais son petit pull Zadig & Voltaire. Avec ses pantalons Marithé & François Girbaud et son pin's Emily The Strange. Bref, la vraie petite tête à claque qui rendait tous les mecs absolument dingues. J'ai tout tenté pour l'avoir. J'ai imité les vraies têtes brulées qui nous faisaient chavirer à l'époque. J'ai fait du bruit, j'ai fait dans le lourdingue, j'ai assumé sans crainte mon taux de testostèrone, j'ai mis l'ampli à fond. L'efficacité pure. Je voulais simplement qu'elle me remarque, peu importe la manière. Pas vraiment l'air de l'impressionner outre mesure. Petit coup de fatigue passager. J'ai pris le temps. C'était elle et personne d'autre. Quelques années plus tard, enfin assagi, je suis reparti à l'attaque mais cette fois, j'ai joué sur du duvet. Plus calme, plus désintéressé, plus épique, plus torturé. Elle m'a enfin vu...mais toujours rien. Tout ça s'est soldé par une voie sans issue déséspérante. Tout ça fait finalement un peu vieux jeu à vos yeux. Elle hante encore mes souvenirs, tous les jours. Inutile me direz-vous? Absolument pas. Je pense que je suis devenu un homme depuis. Et c'est un peu grâce à elle.
(Silverchair - Young Modern - Import)
L'oiseau se tient encore sur sa branche. Il hésite. A y regarder de plus près, il ne s'agit pas de n'importe quel oiseau. Un rameau d'olivier nous donne la réponse très rapidement. La colombe hésite donc à s'élancer. On peut aisément comprendre. Ce qui l'attend un peu plus loin est loin d'être réjouissant. Les balles et les feux sont nombreux en ce moment. La colombe ne veut décidèment pas y aller seule. Une autre colombe s'approche, tout aussi craintive. Ils se reconnaissent comme une espèce en voie de disparition. Mais la seule issue possible est de s'élancer et de montrer au monde que rien ne peut arrêter les symboles. Quelques battements d'ailes pour s'échauffer, quelques piaillements pour se donner du coeur à l'ouvrage. Les voilà volant au dessus du carnage que nous avons créé. Elles n'ont jamais volé aussi haut, certains diront trop haut pour éviter la catastrophe. On les distingue à peine depuis le plancher des vaches. Il est clair que c'est un risque pour nos deux amoureux de s'être lancés ainsi, dans une histoire qui a déjà oublié leur signification. De toute façon, c'est la seule chose à faire. Et c'est tellement beau de mourir ensemble.
(Low - Drums and Guns - Sub Pop)
Il n'y a pas si longtemps (il y a un peu longtemps quand même), le préau dégueulasse de notre bahut était notre champ de bataille de prédilection. La bande à Dédé était toujours dans le coin à droite, près des chiottes, avec leurs perfectos et leurs badges 'Métal Hurlant'. On savait pas bien si ce coin là puait à cause des relents de bières ou à cause de la proximité des chiottes pour les citer à nouveau. Il y avait les rastas tout-fous touffus qui suintaient dans leur pantalons africains et qui avaient espoir de faire de l'endroit un nouveau Zion. La bande de Nico était plutôt dans l'eau de cologne pas chère, chemise à carreaux, avec Morrissey à fond dans les Walkman dernier cri. Ils prêtaient souvent leurs bombes de laque aux gars du New Wave qui ne connaissaient qu'Indochine mais qui se voyaient déjà pousser les ailes noires du désespoir. Le grand jeu, c'était d'emmerder les skaters kepons en les empêchant de faire leurs figures à deux balles, fallait pas non plus qu'ils attirent trop l'attention sur ce qui se tramait ici bas. Tout le monde se toisait du regard, quelques rixes éclataient plus par provocation que par haine (peut-être à part Dédé). L'important, c'était l'honneur de la tribu, le style avant tout. On assurait mais grave.
Et puis un jour, on a compris que tous nos styles pouvaient se mélanger sans problème. Les couples se sont formés, les amitiés se sont nouées, bref tout le monde était cool (à part Dédé en fait). Ne jouons pas les mauvais esprits, le métissage était forcément l'avenir de notre jeunesse désespérée. On a bâti une nouvelle nation grâce à ça. Et pas que chez nous. Et c'est encore le cas aujourd'hui. La preuve.
(Bad Brains - Build a Nation - Megaforce)