Les Belles et la Bête

La véritable beauté, l'incroyable l'efficacité et le talent, c'est bien la Bête qui les a apportés. Maintenant, vous pouvez continuer à vous tromper en vous disant que, quand même, la beauté et le style règnent en maître. Mais c'est bien aussi de se dire que ce n'est pas grave de se tromper et qu'il ne faut pas avoir peur d'aller plus loin...beaucoup plus loin.

(Nelly Furtado - Loose - Geffen Records)

(Justin Timberlake - FutureSex/Love Sounds - Jive)

Les Grands Espaces

Les grands espaces pour laisser votre chien s'éclater, aller chercher la baballe et ne jamais revenir.

Les grands espaces pour pouvoir gueuler des conneries sans que personne ne s'y interesse (même le vent n'y fait pas vraiment attention).

Les grands espaces pour laisser l'echo répéter bêtement des choses affirmées déjà des centaines de fois.

Les grands espaces des campus à l'américaine qui engendrent plus de suicides que de Bill Gates.

Les grands espaces des grands stades où le public scande vos chansons sans connaître véritablement les paroles.

Les grands espaces où l'on se retrouve tout seul, comme un con, devant son incapacité à avancer et se donner de nouveaux objectifs.

Les grands espaces où chacun a l'opportunité de laisser son ego grandir de façon exponentielle.

Les grands espaces où un 4x4 peu soucieux de l'environnement est une véritable nécessité.

Les grands espaces où les cow-boys ne se reluquent pas et ne pensent qu'à impressionner les meufs des bleds où personne ne vient jamais.

Les grands espaces laissées entre chaque mot sensé ponctuer une conversation engageante.

Les grands espaces entre les différentes écoutes parce que, franchement, il y a toujours des choses plus intéressantes à découvrir.

Les grands espaces, ça donne une grand bouffée d'air même si on se rend compte rapidement que ça peut sentir parfois le renfermé.

(Kaiser Chiefs - Truly Yours, Angry Mob - B Unique/Universal)

'En Angleterre, l'art de la conversation consiste à savoir se taire.'

Un silence, un vrai. Voila ce qui dirige notre vision de l'Angleterre...ou plutôt de la vision des Londoniens sur leur ville. Une observation, liée à une dérision mêlée d'incompréhension.

On pourrait en parler des heures, dire que ça ressemble à ceci ou peut-être à cela, qu'il y a quelques petites touches de quelque chose, que le mélange est un bienfait que quand il est bien fait, que les concepts ne sont créés que pour être bafoués, que les gens connus ne peuvent que vivre ensemble car ils ne supportent pas l'ordinaire. On pourrait dire que l'exceptionnel n'a jamais été aussi banal, que le talent n'a jamais été aussi gris, que l'innovation n'a jamais été aussi attendue, que l'excitation n'a jamais été aussi plate. Ou alors que l'oeuvre d'un seul ne peut exister que par le collectif, qu'un seul gars n'est rien sans des généraux choisis sur le carreau, que l'attendrissement est un fin en soi pour les rebelles, que le fait de s'emmerder nous rapproche de la jouissance. On pourrait forcément en parler des heures mais certaines choses dérogent à la règle. On ne peut en parler qu'après y avoir goûté. On aime ou on aime pas mais, au moins, pendant un petit bout de temps, on ferme sa gueule pour essayer de comprendre. Même pas comprendre mais saisir l'instant. Cet instant qui nous est forcément étranger mais qui délivre ses secrets.

Donc, arrétons de parler pour ne rien dire. Laissons brûler cette ville et observons là de ses mille feux. Laissons les cendres encore chaudes nous brûler les plantes des pieds. Apprécions-là de ses mille contrastes et contradictions.

Une simple contemplation. C'est tout et c'est déjà beaucoup. Un silence, un vrai, qui en dit long.

(The Good, the Bad & the Queen - The Good, the Bad & the Queen - Virgin)

Beau et Chiant

Tout ce qui est beau est forcément un peu chiant. Le chiant trouve son magnifique désespoir dans tout le parfait qu'on peut bien y mettre. La perfection a de cela qu'elle ennuie, car on ne peut rien y mettre de personnel et d'humain. L'erreur est la chose la plus fantastique qui soit pour donner tout l'énergie à une oeuvre qui se veut parfaite.

Alors forcément tout cela est très beau mais on s'y endort presque. Et c'est pour cela que c'est beau, c'est parce que qu'on peut s'y blottir sans arrière-pensée, s'y endormir sans regret. La femme parfaite, quel rêve et quel ennui. Il n'y a rien de pire quand on y pense.

Bref, c'est beau parce que c'est chiant. L'inverse est sûrement vrai aussi.

(Air - Pocket Symphony - EMI/Virgin Music)

L'Amour du Travail Mal Fait

C'est souvent jouissif de se dire que quelqu'un peut être applaudi pour un travail médiocre.

On a souvent l'impression que c'est simple et c'est ça la difficulté.

On remue nos souvenirs pour y voir l'avenir...en vain.

Les gens quand ils ne sont plus là sont parfois encore plus décevents.

Être le père, cela ne veut pas dire être le tueur. Merde, c'est Oedipe l'enculé normalement.

Quand on regarde, on ne voit que la crasse. En creusant, on y trouve de l'or.

Un père ça va, un père et un fils...(impossible de continuer, beaucoup trop commercial)

On prend les mêmes et on recommence. Enfin on essaye.

Que c'est bon de se plonger dans son enfance même si on en a un souvenir de merde.

Le silence le plus important de l'histoire de la musique.

L'orgasme harmonique le plus important de l'histoire de la musique.

Un disque qui ne restera pas dans l'histoire de la musique.

Qu'est ce qu'on l'aime ce travail mal fait. Vraiment.

(The Beatles - Love - Capitol Records)

Le Talent, C'est les Autres

On peut pas dire, il y en a qui ont du talent. Le talent de piquer le talent des autres.

Après avoir talentueusement marié le génie que l'on connait tous, l'artiste asiatique a talentueusement brisé l'harmonie d'un groupe bourré de talent et, de façon talentueuse, fait les pires conneries talentueuses avec son talent sur le déclin. Depuis, on le sait, elle a fait fructifier le talent familial de façon exponentielle tout en essayant de se trouver le sien de talent. En vain. Ce fut quelque peu (ta)lent.

Et puis le talent est revenu en laissant simplement les plus talentueux groupes indies du moment reprendre ses moins talentueuses créations de son back-catalogue. Pas fous, nos petits talents émergents (même talents confirmés pour certains d'entre eux) n'ont sélectionné que sa voix peu talentueuse. Et ils ont su y trouver du talent, on ne sait comment. Du talent, ce disque en est bourré. Mais par d'autres personnes plus talentueuses. Et pas par celle par qui le talent aurait dû arriver. Finalement, le vrai talent, c'est de faire bosser les autres, pour peu qu'ils soient talentueux.

Ce texte est talentueusement énervant et répétitif. Comme quoi, il ne suffit d'être constamment en contact avec le talent pour en avoir.

(Yoko Ono - Yes, I'm A Witch - Astralwerks)