Tuesday, June 19, 2007

Il Est Fort Alamo


Du haut de mes 9 ans, je regarde attentivement les nuages qui courrent derrière l'épais manteau de feuilles de l'arbre dont le tronc s'élance juste derrière moi. Je commence à grelotter, le vent s'est levé et quelques légers frissons me transpercent le dos quelque peu dénudé. Je suis attaché comme un con à cette arbre, affublé de ce chapeau de cow-boy ridicule, avec ces vieux pistolets en plastique qui pendouillent à ma ceinture. On m'y reprendra à jouer aux cow-boys et aux indiens avec les potes qui doivent rentrer dîner à 19h et qui ont tellement peur de leur mère qu'ils en oublient de me détacher avant de rentrer chez eux.
Et maintenant je me gèle les couilles dans ce bois tellement moche qu'ils n'on même pas assigne de garde forestier. Et cette nuit froide qui pointe son nez ne me dit rien de positif sur les prochaines heures d'attente (celles qui nous séparent de la fin du dîner de mes potes). Mais tout cela est bien étrange, je sens une présence derrière moi. Je n'ai pas vraiment peur même si les pas se font sourds et inquietants au fur et à mesure qu'ils s'approchent. Cette presence qu'on pourrait traiter de fantomatique m'enveloppe de sa sérénité, elle me donne un peu de chaleur 'humaine' même si je pense bêtement que tout cela vient de mon imagination. Des voix s'entrechoquent autour de moi, des complaintes se distinguent, me guidant vers l'ombre d'un chamane imaginaire qui m'accompagne dans notre monde brutal et électrique. Le choc des cultures ne semble pas lui faire peur mais notre ami ne s'attarde pas. Sa presence se fait intense mais furtive. On peut comprendre, il a beau tenter, il ne peut toujours pas encadrer les cow-boys, même ceux de 9 ans affublés de flingues/fringues ridicules. Je n'ai jamais eu peur, j'ai même pensé trouver la paix intérieure dans le chaos qu'est déjà ma vie (c'est dur d'avoir 9 and de nos jours). Surtout dans la situation actuelle. L'agressivite ne m'a jamais effleuree meme si elle etait bien presente.
Putain, mes potes ne reviennent pas. C'est décidé, la prochaine fois, je ferai l'indien. Etrangement, je boufferai à ma faim.
(Tomahawk - Anonymous)

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