Le ring scintille d'une lumière mélodramatique. Il n'est pas question d'un combat de boxe mais bien d'une mise à mort dont chaque rouage aurait déjà trouvé son dénouement. Notre boxeur est un esthète, arrivant décontracté devant un parterre de spectateurs médusés, sous une musique d'orchestre philharmonique. Son adversaire semble sourire de tant de délicatesse croyant à l'ambition démesurée d'un jeune premier pas encore dépucelé. Notre homme sautille, se morfond, se tortille tout en restant d'une classe imparable, pas un geste plus haut que l'autre. L'autre en profite pour asséner quelques méchants coups qui lui font baisser la garde et l'obligent à des gestes un peu faciles et protecteurs. Mais la classe reprend ses droits. Un peu d'étincelles, un peu d'emphase, le tout enrobé d'une mélancolie et d'un détachement sans égal. Malgré la lourde impression que tout cela est une fausse réadaptation de styles de champions déjà vus, il s'en sort avec style et quelques mouvements bien sentis suffisent à achever la bête (l'autre en fait, dans toute sa vulgarité de boxer de quartier). Une force tranquile qui prend tout le monde à contre-pied et qui asseoit une force de persuasion rarement vue. Un peu de sueur coule sur son front. Détruire ses adversaires avec décontraction et panache n'empêche pas un certain investissement personnel. La salle se vide et se demande s'ils n'ont pas assisté à un ballet de coups ou à une symphonie d'upercuts bien placés. Une surprise qu'on ne manquera pas de répéter à l'occasion, dans une salle de concert classique peut-être.
(The National - Boxer - Beggars Banquet)
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