Monday, April 16, 2007

Monter à la Capitale


C'est pas facile pour les bouseux. Il faut être bien motivé. Déjà, les occupations sont rares de faire des trucs qui sortent un peu de l'ordinaire. Alors monter un groupe de rock, c'est super galère. On prend ce qu'on a sous la main: la guitare désaccordée de tonton, la caisse claire crevée du garagiste, la pédale de distortion du cousin parti en Irak. Et on recrute surtout les frères et les cousins qui s'emmerdent autant que vous dans ce patelin de merde et qui décident de mettre un frein au spliff.

On sait gratouiller un peu, on décoche quelques accords majeurs qui séduisent les filles (il y en a de moins en moins, elles partent en ville de plus en plus tôt pour faire du porno). Maintenant, il faut se donner un style. Pas trop moderne parce qu'il faut quand même que les potes en mob vous reconnaissent et ne vous traitent pas de pédale. Alors, on décide de se la jouer baba à la mode. Un peu Jésus mais qui fume des joints. Bref, on trouve un truc qui rassure les fans d'Americana et qui attise les jeunes branchés en cuir vintage.
C'est sûr, on regarde pas mal la TV au début. On mimique les mecs qui y sont déjà arrivés. Par fierté, on se donne un petit truc différent. Mais ça ne trompe personne. En tout cas au début, parce qu'au bout d'un moment, ça commence à ressembler à quelque chose. On envoie des démos à un gros mec qui fume le cigare et qui pose son gros cul dans un fauteuil en cuir un peu passé. Et là, bingo, le mec se dit que cela lui rappelle quand il est tombé en panne en plein milieu de l'Arkansas il y a presque 3 ans. La chance du siècle que sa Bentley ait eu un problème de carbu. Une nuit dans un motel, ça change la vie.
La signature se fait en grandes pompes. Tout le monde crie au génie sans avoir écouté l'album. Et puis, petit à petit, on fait son trou. Brad aime bien, Angelina supporte. On fait partie des mecs à la cool de la ville. On les aiment bien d'ailleurs parce que ça nous donne un côté 'on est super ouverts sur les gens différents'. On se ballade, on flâne, les choses sont devenus merveilleuses. La ville est apprivoisée et les groupes à la mode vous proposent de jouer avec eux.
Bon, il y a des moments on met un pied dans la merde. C'est con mais c'est pas grave, ça rappelle la maison.

(Kings of Leon - Because of The Times - RCA)

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