Wednesday, January 31, 2007

C'était Mieux Avant



1994. Je me souviens encore de mon visage dans la pénombre, un teint verdâtre dû au reflet l'écran de mon Minitel dans la douceur nauséabonde des nuits adolescentes. Quel pied! Au beau milieu de cette pénombre, je m'amusais à participer à des conversations de mauvais goût. On pouvait dire n'importe quoi et ça volait vraiment pas haut. Mais à l'époque, on croyait avoir trouvé le paroxysme jouissif de la communication 'informatique'.
On ne pouvait éviter les bruits bizarres de cet engin maudit et déjà poussiéreux...donc du coup, j'avais un peu peur de me faire capter. La connexion téléphonique n'était pas très discrète mais on savait qu'il fallait passer par ces bruits electroniques déglingués pour s'ouvrir les portes du plaisir partagé. Ou on mettait Antenne2 à fond pour couvrir le bruit. Ou alors on faisait semblant de tousser avec une voix de prépubère attardé pour faire genre 'j'essaye de dormir mais je suis vraiment malade'.

1994. Je me souviens encore de ces nuits blanches à insulter tout le monde et à draguer gauchement des pseudos invraisemblables. A parler de cul alors que j'avais dû en voir très peu de près. De parler de la capitale en faisant croire que j'y avais mes entrées partout. Et de finalement ne jamais proposer une conversation téléphonique de peur que mon jeune âge ne me trahisse par la voix.
Parfois je me dis que c'est mieux MSN et MySpace. Mais non, en fait, c'est toujours mieux avant. On a rien fait de mieux que le Minitel pour être en marge et se la péter grave.

(TTC - 3615 TTC - V2)

Sunday, January 21, 2007

Adolescent Pour Toujours?




L'adolescence. Un mot qui résonne forcément en chacun de nous. On y est tous passé. Et pour les plus jeunes, vous êtes (mal)heureusement les deux pieds dedans.
L'adolescence. Un mot pour essayer de comprendre l'incompréhensible, ce changement qui nous fait passer d'un gamin chiant à un adulte con...transition qui donc n'aide pas à faire reluire la pauvre condition humaine dont nous sommes les simples exemples.
L'adolescence. Une étape dont Dolto a essayé de tracer les grandes lignes de façon pertinente tout en élevant Carlos sous son toit. Autant dire que la théorie s'est souvent cassé les dents sur le ciment de la pratique.
L'adolescence. Essayons d'en savoir un peu plus.

- On essaye de paraître intelligent en répétant dans le désordre (et parfois dans l'ordre, faut pas non plus tout voir en négatif) ce que les aînés ont dit bien avant vous. Alors les gens, ils essayent de vous écouter et de se limiter à ce qui est bon à prendre. Mais ça fatigue vite les gens quand même.

- On parle d'amour sans vraiment savoir ce que c'est, mais on essaye de le faire bien. Et puis si on n'y arrive pas, on dit que le Monde, ben, c'est nul de vivre dedans et que c'est vraiment la merde. C'est vrai quoi, fais chier.

- On change de voix tout le temps parce que c'est la nature et qu'il faut bien en faire quelque chose. Et puis on se cherche encore une personnalité. C'est dur d'être adolescent.

- On a quand même fait des trucs avant alors on sait ce qui marche avec les gens. Puis faut pas non plus prendre trop de risques parce que c'est super cool d'être accepté par tout le monde. On se sent quelqu'un et on devient une petite star dans l'entourage.

- On change beaucoup d'avis et surtout de mood. On est violent, câlin, groovy, dépressif, surexcité...Bref, on a des sautes d'humeur qui amusent tout le monde mais parfois, qui fatiguent tout le monde.

L'adolescence, finalement, c'est attachant, revigorant, vibrant, excitant, innovant... Quand on a 15 ans, on sait qu'on va bouffer le monde et on agit 'super libre' dans sa tête. Mais l'adolescence, le problème, c'est que quand on est dedans, on trouve ça mortel et quand on en sort, on essaye de l'oublier le plus vite possible.

(Incubus - Light Grenades - Sony/BMG)

Saturday, January 20, 2007

Petite Sauterie Entre Amis




Tout le monde le sait, quand une famille commence à se mettre un peu sur la gueule, il n'y a qu'un seul moyen de ressouder les liens d'amour et de confiance habituels. Il faut un peu se détendre et casser la routine ambiante. On avait décidé donc d'organiser une petite fête. Vous savez, ces petits moments rares où tout le monde se rend compte qu'on est quand même vachement bien ensemble. Alors, la décision est prise. Ce soir, c'est samedi et on a décidé de se casser le poignet en soulevant quelques bonnes bières hispanos. Faisons un truc très simple: une fête de voisins. Facile à organiser, des gens différents qui se connaissent sans plus, pas de taxis à organiser pour ceux qui se seraient un peu laisser aller, on peut mettre la musique un peu plus fort que d'habitude, on peut sortir les amplis et se lâcher un peu. Et en plus, en ce moment, on peut dire qu'il y a du beau monde dans l'immeuble. Si tout se passe bien, ça risque de faire de très bons souvenirs. Alors, c'est parti, on sort le petit calepin jauni et, au pire, on se sentira même le courage d'aller sonner aux portes pour proposer directement la bonne idée. Alors faisons une liste rapide mais judicieuse. Les Smiths sont forcémént invités, en plus leur cousin, un petit gros nommé Robert, est dans le coin en ce moment. C'est pas forcément le plus poilant mais il dit pas que des trucs cons. C'est plutôt marrant en fin de soirée quand tout le monde est un peu crevé. Placebo passera même si l'effet sera forcément limité et Radiohead passera mettre un peu de musique. On n'oubliera pas surement pas les presidents de la co-propriété, les Korn et je crois qu'on va enfin oser inviter les petites du 3ème, Miss Kittin et sa coloc'. C'est toujours bien d'inviter des meufs si jamais on se met quelques slows pour encanailler l'ensemble. Par contre, la galère, on va être obligés d'inviter les jeunes du Rdc, Kyo, qui se plaignent toujours que personne ne les respecte. Mais bon, pour pimenter tout ça, un peu d'exotisme avec un copain arménien de passage qui va nous faire des spécialités bien de chez lui. Je crois qu'on est fin prêts. Mieux que ça. Je crois qu'on avait jamais fait une fête de voisinage aussi réussie. D'habitude, dans le genre huis-clos, 'l'enfer c'est les autres' mais là, on s'est bien marré, on s'est bien défoulé, on s'est bien détendu, on a bien planés. Et tout ensemble dans le même esprit constructif. Pas un seul pour faire la gueule ou avancer à reculons. De la puissance, de l'échange, des surprises, de l'intégrité, de l'inventivité. Je crois qu'on n'avait jamais atteint une osmose pareille. Alors, on aurait pu se dire, avec tous ces gens différents, le DJ va s'en prendre plein la gueule et va faire du copier-coller pour plaire à tout le monde. Je dis pas qu'il a pas essayé d'en faire un peu trop quand la copine de Miss Kittin a voulu faire du slam un peu en dessous de la ceinture. Il a aussi un peu baissé le micro de Serj (parfois je me demande s'il est pas un peu paresseux, le bon vieux Bob). Chino, comme à son habitude, a fait son petit cirque, oscillant entre l'agressivité ludique et le chant planant et introspectif. Il a un peu louché vers des trucs un peu romantiques et envoûtants (ça, forcément, c'est pour les filles) mais on lui en voudra pas, parce qu'avec 15 kilos de trop, faut bien trouver d'autres atouts que ces pectoraux. Enfin pour dire qu'on s'était pas marrés comme ça depuis 3 ans...et que comme dirait Stephen, c'était même carrément mieux que la dernière fois. Normal, on l'a laissé mettre sa guitare à fond et, ma fois, ça rendait plutôt pas mal. On est presque en train de se dire qu'il faudrait faire ça plus souvent. Et la prochaine fois, je crois qu'on invitera pas Kyo. Trop cons.



(Deftones - Saturday Night Wrist - Warner)