Thursday, May 3, 2007

Mortelle Randonnée


Ce dimanche, le soleil est absolument splendide. Rien de mieux pour aller faire pisser Sultan sur un arbre dans la forêt de Rambouillet. Au moins, il aura l'embarras du choix. Sur le chemin, je joue avec les feuilles mortes qui s'envolent et s'amusent sous mes pas. Les feuillages créent une sorte de mélodie agréable et spontanée avec la lumière. Je chantonne quelques vieux airs tout en essayant de les adapter à la sauce moderne au cas où quelqu'un m'entendrait. Mais personne n'apparaît à des kilomètres à la ronde, je suis seul, heureux et libre dans cet été indien qui n'en finit pas.

Sultan a l'air d'avoir choisi son arbre. Le seul hic, c'est qu'il est un peu loin. Lui aussi a succombé à la légéreté contagieuse de ce pur moment de bonheur. Il s'écarte de mon champ de vision par intermittence. Je le vois au loin remuer la queue, tout content...et puis je ne vois plus sa queue, en fait je ne le vois plus du tout.

La lumière disparaît peu à peu, je crie son nom. Pas de réponse. Il a l'air de vouloir pisser sans se faire emmerder. Mais cette forêt si charmante paraît beaucoup plus hostile avec les ombres qui viennent se placer sur mon passage. On est en plein Tim Burton. Mon imagination me fait croire que les branches se transforment en énormes mains tentant de m'entraîner dans un monde décadent, les racines se multiplient pour me faire trébucher et rendre l'accès aux profondeurs plus délicate. J'ai l'impression de passer plusieurs fois au mêmes endroits et de tourner connement en rond. La ballade se fait longue et répétitive. Là où je ne voyais que volupté il y a quelques minutes, je ressens maintenant comme un malaise qui m'aspire sur un terrain inattendu.

Et ce foutu chien que je ne retrouve pas. J'imagine qu'il est tombé dans une crevasse mais ce serait un peu bateau de sa part. L'angoisse et la reflexion me prennent la gorge mais tout reste assez joli finalement. Après plus d'une heure, je retrouve Sultan me faisant joyeusement un petit caca sur un arbre cassé. Ma fatigue me fait croire qu'il rie jaune.


Rentré à la maison, tout devient plus posé. Je me dis qu'on a passé un sale moment. Je me mens à moi-même. Je n'ai qu'une seule envie, retourner dans cette forêt ambivalente. La prochaine fois Sultan restera pisser à la maison.


(Of Montreal - Hissing Fauna, Are You The Destroyer - Polyvynil)

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